Lauréate du programme « Incubation » French Tech organisé par la French Tech Brest +, la start-up UMÒJA est une marque de sneakers végétale et éthique, alliant savoir-faire artisanal africain et innovation.
Les fondateurs d’Umòja ont choisi le Village by CA Finistère pour accélérer le développement de leur entreprise. Rencontre avec Lancine Koulibaly, l’un des deux co-fondateurs de cette start-up brestoise.
Bonjour Lancine, peux-tu te présenter ainsi que ton associé Dieuveil ?
Je m’appelle Lancine Koulibaly, je suis l’un des deux co-fondateurs du projet Umòja. Avant de me lancer dans cette aventure, j’ai fait une licence en Economie-Statistiques à l’université de Brest et un Master en Statistiques – Actuariat à l’université de Poitiers. Après mes études, j’ai travaillé pendant trois ans pour des compagnies d’assurance sur des problématiques de gestion de risques financiers et assurantiels.
Dieuveil Ngoubou est mon associé et co-fondateur de ce projet. De son côté, il a obtenu un DEUG en Histoire, une licence de Droit puis un Master en Droit public – Carrières de droit public. Il a complété sa formation en réalisant des missions de bénévolat en tant que juriste pour différentes associations.
Dieuveil et moi nous sommes rencontrés lors de nos études à l’université de Brest et nous sommes devenus amis. Nos parcours universitaires ne nous destinaient pas forcément à devenir entrepreneurs…
Quelle est la genèse du projet UMOJA ?
Umòja qui veut dire « Unité » en langue Swahili, est le fruit de l’association de la richesse et de la créativité artisanale africaine combinée à la recherche perpétuelle de matières innovantes entièrement biodégradables.
L’aventure Umòja a commencé en 2017, lorsque nous avons entrepris de retourner quelques semaines dans nos pays d’origine en Afrique, pour rendre visite à nos familles et nos proches. Arrivés sur place, nous avons voulu revivre ces moments forts qui ont marqué notre enfance et redécouvrir ces anciennes traditions et savoir-faire que nous avons connus lorsque nous étions adolescents. Au gré de nos rencontres, nous nous sommes rendu compte de l’impact de la mondialisation : 90% des métiers d’artisans, des savoir-faire et des textiles artisanaux avaient disparus. Et pourtant, ces savoir-faire sont inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ils sont en train de mourir par manque de valorisation. C’est pourquoi nous avons décidé d’agir et de ne pas rester impuissants face à cette situation.
Le travail artisanal textile symbolise la patience et le goût du travail bien fait. C’est un savoir-faire très riche, respectueux de l’environnement et de l’humain. C’est cette démarche éthique, du respect de l’humain et de la planète, que nous avons porté dès le début de ce projet.
Quel est le concept de ta start-up ?
Notre projet est simple : nous contribuons à la promotion de ces savoir-faire et de ces textiles artisanaux africains et à ceux-là nous nous engageons à associer des matières innovantes et 100% végétales en bannissant définitivement de la composition de nos produits toute matière plastique vierge, synthétique et chimique dangereuse pour l’homme et la planète afin de concevoir un produit fini 100% biodégradable.
Pour y arriver, nous travaillons en collaboration avec une coopérative d’artisans basée au Burkina Faso avec laquelle nous avons développé un partenariat solide en privilégiant des relations commerciales directes, sans intermédiaires, en étant présent sur le terrain et en nous assurant également de leur bien-être. Les cotons biologiques que nous utilisons sont cultivés localement, ils sont ensuite filés et tissés avant d’être colorés à base teintures issues de minéraux et végétaux organiques. Nous expédions ensuite cette matière première au Portugal dans l’atelier où nous fabrications nos sneakers.
A cette démarche, nous intégrons l’éco-conception, qui est le 2e pilier de base du projet Umòja. Pour nous, tout projet économique doit avoir un volet écologique. Lorsque nous nous sommes lancés dans cette aventure, nous avons été confrontés à un système industriel opaque et une industrie de la mode très polluante : l’industrie de la mode est considérée comme la 2e plus polluante au monde*, juste derrière l’industrie du pétrole.
(https://vgtl.co/blogs/news/pourquoi-le-textile-est-la-deuxieme-industrie-la-plus-polluante)
Face à ce système, nous avons décidé d’adopter une approche vertueuse et unique : c’est-à-dire créer des produits respectueux de l’environnement et des hommes, de la conception jusqu’à la fin de leur vie. Nos chaussures et nos packaging sont pensés et dessinés dans ce sens et dans l’idée d’utiliser des matériaux sans danger pour la santé et l’environnement.
Cette approche nous a poussé à intégrer l’innovation et la recherche et développement pour confirmer notre positionnement de marque de référence de basket 100% issue du végétal et affirmer notre ambition en termes de responsabilité sociale et environnementale.
UMOJA est lauréate du programme “Incubation” French Tech Tremplin Brest +, bravo ! Ce programme vous permet de bénéficier d’un accompagnement au sein d’un accélérateur et vous avez choisi Le Village by CA Finistère, qu’attendez-vous de cet accompagnement ?
Nous espérons bénéficier d’un accompagnement sur-mesure et de conseils sur notre développement commercial et nos problématiques actuelles. Spontanément, je pense à un accompagnement sur notre stratégie digitale, le développement de nouveaux produits, etc. Nous espérons aussi trouver auprès du Village by CA Finistère un réseau qui permettra de faire grandir notre projet en lui donnant un écho national et international.
En ce début d’année, que peut-on souhaiter à UMOJA pour l’avenir ?
Nous souhaitons réussir à produire une sneaker 100% issue du végétal et biodégradable.
C’est un objectif que nous comptons atteindre cette année à travers la sortie de la prochaine collection prévue en Mars 2021. La chaussure étant un produit complexe, elle nécessite un grand nombre de matériaux dans le processus de confection (tige, doublure, lacets, renfort textile, œillets, semelle intérieure/extérieure, mousse de renfort, empiècement antichoc, colle, fils de couture). Nous restons convaincus qu’une chaussure 100% traçable et transparente est possible avec de la volonté et du temps. Nous en faisons notre cheval de bataille.
Nous rencontrons encore quelques difficultés dans le sourcing de certains composants. L’industrie mondiale de la chaussure reste très opaque et la totale transparence s’avère très compliquée. Cependant, nous privilégions toujours l’utilisation de matériaux naturels, innovants conçus avec le moins d’impact carbone possible.
Pour en savoir plus :
Site UMOJA : https://www.umoja-shoes.com
Podcast : https://open.spotify.com/episode/0GxaU7FMh3pHSbOsAB9VJL
Africa Fashion Tour : By Ramata Diallo
Interviews de designers, de mannequins, d’organisateurs de Fashion Week, de personnalités qui ont toutes un point commun, elles contribuent activement au rayonnement de la créativité africaine à travers le monde. Un voyage entre Paris et l’Afrique pour tenter de définir la créativité africaine
Pauline RIOU, Chargée de marketing et communication – Le Village by CA Finistère