Dans cette Tribune, Sigolène BRUN, Directrice Executive du Village by CA Finistère, nous partage son ressenti et son analyse de l’année 2020. Elle nous partage sa vision sur les perspectives 2021 et l’avenir.
[button title=”Découvrez la Tribune de Sigolène BRUN en vidéo” link=”https://www.youtube.com/watch?v=m7Cy20jEzGI” target=”_blank” align=”CENTER” icon=”” icon_position=”” color=”#006ab0″ font_color=#FFFFFF” size=”2″ full_width=”” class=”” download=”” rel=”” onclick=””]
Comment as-tu vécu l’année 2020 : personnellement & professionnellement ?
Je la qualifierais l’année 2020 avec trois adjectifs : inédite, sidérante, exacerbante. Inédite, tout simplement parce qu’on ne l’a jamais vécue, je ne l’ai jamais vécue, personne ne l’a jamais vécue. Sauf qu’on oublie que sur le continent africain, une pandémie a eu lieu : Ebola mais cette épidémie est trop loin de nous alors on l’occulte. Sidérante, parce que brutale, violente : du jour au lendemain, on s’est retrouvé à devoir changer de vie, changer de rythme et changer d’espace. Alors je fais un petit clin d’œil à Jacques Talec, du groupe Even qui a parlé de « pluie de pierres », moi je parle plutôt d’un sprint, parce qu’on a tous démarré « pleine balle », et là claquage… C’est exactement le même effet, on se retrouve sidéré, on ne respire plus. Et enfin, exacerbante parce qu’on voit bien que les sujets qui étaient sous-jacents depuis des années, ceux qu’on n’a jamais voulu réellement abordés, et bien, ils ont été mis en exergue par la crise sanitaire.
Le premier, c’est le rapport à la mort. On a tous été confronté à titre personnel, en proximité, à la mort. On n’a pas arrêté de nous en parler. On a débattu sur : « est-ce-que certaines générations devaient partir pour « libérer », et ce n’est pas grave, parce que ça fait partie de la vie. » Ce sujet-là, je pense qu’il va falloir l’aborder à nouveau à la sortie de la crise. Ensuite, un autre sujet souvent évoqué et qu’on a refusé de traiter, c’est : « qu’est-ce qu’on apporte individuellement à la société ? », c’est-à-dire la valeur de la contribution personnelle de chacun. On a pu applaudir des métiers qui étaient généralement invisibles et pourtant essentiels car sans eux, on n’aurait pas passé le premier confinement. Un autre sujet qui a été mis en exergue, c’est l’état des grandes fonctions régaliennes : l’état de la santé, notamment celui des hôpitaux ; l’état de l’éducation nationale ; l’état de la sécurité ; et enfin, l’état économique. On voit bien que le modèle économique dans lequel nous sommes depuis des années, nous contraint et il nous contraint de telle manière que pour le changer, il va falloir se poser et réfléchir en profondeur.
A titre personnel, j’ai envie de dire que finalement, ça fait ressurgir nos points de faiblesse et pourtant, je ne peux pas dire que j’ai fait partie des populations qui ont été dans le cadre le plus difficile de vie. On est en Finistère, généralement dans des maisons avec de la perspective parce qu’on est sur un territoire de faible densité et donc j’ai envie de dire, on a été plutôt « heureux », d’être là où on est aujourd’hui en Finistère. Par contre, ça nous oblige, et c’est un devoir qu’on doit avoir : c’est que, favorisé face à la crise, on doit penser à ceux qui ne le sont pas ; c’est un moment d’introspection, et c’est en ça où ça met en exergue finalement « on est là pour quoi à titre individuel ? »
Que retiens-tu de cette année, sur la manière d’appréhender le monde et l’avenir ?
2020, c’est aussi l’année qui a montré l’Homme et tous ses paradoxes : l’homme en tant qu’être humain, et tous ses paradoxes. Le désir de changer les équilibres sociaux avec plus de solidarité et pourtant on a bien vu que les inégalités sociales se sont accrues et que les individualismes se sont aussi accrus. On a vu cette période estivale où c’était finalement un peu chacun pour soi. C’est aussi le paradoxe du désir de liberté et pourtant les usages numériques les plus aliénants qui puissent exister. C’est perturbant… Un autre paradoxe, c’est le désir de liberté d’expression et pourtant on voit qu’il n’y a plus de débat, ce n’est plus possible, tout de suite on est catégorisé, stigmatisé et ce n’est pas constructif. Et enfin le dernier paradoxe, c’est de soutenir notre modèle culturel : on estime que c’est celui qui est le plus beau au monde et pourtant, on consomme de plus en plus des outils numériques qui ne financent pas ce modèle culturel. Donc une année 2020 où l’on met en avant ces paradoxes et qui pour construire l’avenir, c’est compliqué je trouve, c’est délicat. Il va falloir que chacun se pose la question à nouveau « On est là pour quoi ? »
Comment envisages-tu cette nouvelle année, sur le plan professionnel et de manière plus personnelle ?
2021, on y est : c’est difficile de l’envisager, on est encore dans la crise sanitaire. L’incertain, généralement qui dure, ça génère des tensions internes, intérieures et puis externes, je ne sais pas si vous le sentez mais moi je ressens un niveau de tension. Malgré une exceptionnelle mobilisation des états et des banques centrales, malheureusement la crise économique est devant nous. Tant qu’on ne sera pas sortie de la crise sanitaire, il est vrai que j’ai du mal à me projeter. La crise économique fait aussi ressurgir des souvenirs personnels qui ne sont pas très agréables et ces souvenirs me disent qu’il va falloir être fort et se mobiliser. J’ai un père qui a eu la chance d’être entrepreneur et qui, en 1993 a dû déposer le bilan. Quand je repense à l’état psychologique, à la conséquence sur la famille, à la conséquence sur les années après je me dis que c’est maintenant, là, notre rôle, Le Village by CA Finistère, c’est de se mobiliser et d’être aux côtés des entrepreneurs pour faire en sorte qu’ils ne vivent pas la même chose. Parce que, adolescente quand on vit les choses, on ne comprend pas tout, on se dit on n’a pas de leviers. Là, tous les acteurs économiques qui sont censés se soutenir ont ce devoir-là et moi je me sens, avec l’équipe du Village by CA Finistère, ce devoir d’accompagner les chefs d’entreprise qui vont avoir un tsunami économique devant eux car même s’il y a des filières qui vont bien, et bien il y a des filières qui vont moins bien.
Quel projet voudrais-tu voir concrétiser en 2021 ?
On aura passé une étape quand on se réunira, pour fêter tous ensemble la sortie de la crise sanitaire : toutes les générations, tous les horizons, pour fêter notre culture, fêter la culture et fêter les cultures. Il me paraîtrait suicidaire de céder à la tentation du repli sur soi, de l’entre-soi. J’entends beaucoup parler de régionalisme, je me dis qu’au contraire la richesse de notre société repose justement sur l’ouverture. Il ne faut pas qu’on soit chacun côte à côte, il faut qu’on soit avec l’autre et donc pour moi, notre avenir, et 2021 marquera un tournant, si on agit avec les autres et non pas côte à côte. Je souhaite que tous vos vœux se réalisent et j’espère que le mien aussi parce que ça veut dire que je vous retrouverai dans l’année 2021 pour fêter ça.
Découvrez l’offre complète proposée par le Village by CA Finistère pour accompagner les entrepreneurs.