Le village by CA Finistère

Logo-Le-Village-by-CA-Finistere-600x600

Le rêve américain des biotech

Biotechs

Quand on parle de biotechs qui réussissent, on évoque très souvent leur besoin extrêmement fort de financement. Dans leur recherche de fonds, en « late stage », beaucoup d’entre elles s’intéressent de près au deuxième marché d’actions des Etats-Unis, le NASDAQ, qui attire l’élite mondiale des entreprises de technologies.

 

Objectif : Lever de fonds

Avec une croissance organique limitée, et des besoins financiers très élevés pour aller jusqu’à la phase de mise sur le marché, les biotechnologies médicales qui portent un projet prometteur se voient dans l’obligation de chercher une source conséquente de financement. Pour la grande majorité des biotechs françaises, il y a très peu de capital-risque spécialisé et encore moins de fonds ayant les ressources pour investir passés les premiers tours de table. Certaines décident donc de tenter l’aventure de l’IPO (Initial Public Offering), en ouvrant leur capital et en émettant des actions. Plusieurs places de marché peuvent alors potentiellement servir de « terrain de jeu » pour cette introduction en bourse.

Il faut alors peser le pour et le contre des différentes localisations, mais force est de constater que les futures pépites du secteur des biotechs/medtechs choisissent beaucoup plus facilement le NASDAQ que l’EURONEXT. Depuis 2013, ce sont ainsi 18 start-ups européennes spécialisées en biotechnologie de la santé qui ont franchi l’Atlantique pour financer les dernières étapes de leur développement. Six d’entre elles sont françaises : DBV Technologies, Innate Pharma, Erytech Pharma, Cellectis, Genfit et Inventiva, cumulant 844 millions de dollars de levées.

Pourquoi la tentation U.S. ?

1 . Des poches plus grandes

Le choix des Etats-unis et du NASDAQ s’impose tout simplement car il n’y a pas assez de liquidités sur EURONEXT, avec le risque, pour les entreprises pharmaceutiques, d’être sous-valorisées sur ce marché. A contrario, choisir le NASDAQ permet de lever des montants beaucoup plus importants que sur les marchés européens, notamment pour financer les phases 3 d’études cliniques. Pour mémoire, il s’agit là d’essais menés sur de larges populations de malades (plusieurs centaines ou milliers) afin de comparer l’effet du nouveau médicament au placébo ou à un médicament de référence s’il existe. Ces tests à grande échelle et de grande ampleur sont extrêmement coûteux. On parle généralement de 50 à 150 millions d’euros nécessaires. Pour étayer ces propos, lorsqu’une biotech porteuse d’une solution thérapeutique très prometteuse fait le choix du NASDAQ, les retours d’expérience montrent que les montants levés sont a minima triplés par rapport à ce qui peut être observé sur Euronext.

2. Un accès au plus grand marché du monde

Si le levier financier est un « driver » incontournable qui permet de poursuivre le cycle de développement du médicament, le fait de mettre un pied en Amérique du Nord présente d’autres intérêts. En effet, il faut avoir à l’esprit que les Etats-Unis restent le premier marché pharmaceutique mondial, et de loin. Pour mieux correspondre aux attentes de ce marché, certaines biotechs exilées lancent directement leurs études cliniques aux Etats-Unis. Elles s’imprègnent ainsi plus vite de cet environnement, et comprennent les attentes de la Food and Drug Administration (FDA) des investisseurs, des associations de patients… Cette stratégie de l’ « américanisation » permet aussi de nourrir l’intérêt des investisseurs dans la durée. Le revers de la médaille c’est que, petit à petit, les biotechnologies les plus prometteuses finissent par affaiblir leur présence dans l’hexagone… avec un vrai risque de perdre le contrôle d’une molécule ou solution pourtant issue de la recherche française.

3. Une visibilité accrue dans un écosystème orienté Biotech

Être présent sur le sol américain et prétendre au financement via une introduction sur le NASDAQ apporte également une plus grande visibilité aux biotechs. Car il faut bien l’avouer, la France a quelques années de retard par rapport au hub mondial des biotechs/medtechs que s’est créé à Boston depuis déjà plusieurs années. Les USA ont en effet su créer un écosystème propice reposant sur 4 facteurs clés de réussite, comme identifiés dans une étude d’Ernst and Young (EY) de 2017 :

  • Le financement : des investisseurs très actifs favorisant des levées de fonds importantes
  • L’expertise :
    • Une communauté scientifique à la pointe de l’innovation
    • Un vivier de jeunes talents concentré dans une même aire géographique restreinte
    • Une communauté financière experte des HealthTech, avec des investisseurs hybrides entre incubateurs, VC et lanceurs de tendances
  • La collaboration public/privé : des clusters technologiques favorisant échanges et innovation avec les laboratoires et hôpitaux de la région
  • La réglementation : Une implication active des autorités publiques pour favoriser l’industrie

Que faire pour redorer l’attractivité de la France ?

Pour refaire de la France une place forte en mesure de conserver ses pépites biotechs, et ainsi prétendre être un leader mondial, le graphique ci-dessus montre les points faibles qui doivent être comblés. Le point crucial, si l’on se compare aux Etats-Unis, ce sont les fonds. Il faut donc se mobiliser en France et en Europe pour convaincre le fléchage de fonds vers des spécialités biotechs/medtechs, qui n’intéressent aujourd’hui que trop peu d’investisseurs.

Autre point important, il n’y a pas en Europe suffisamment d’analystes financiers spécialisés dans les sciences de la vie, qui permettraient aux investisseurs de mieux comprendre le secteur. Aux Etats-Unis, ce sont souvent des experts scientifiques qui endossent ce rôle, d’où une vulgarisation plus facile.

La France doit également se pencher sur les processus de transfert de technologies, sur le nombre d’essais cliniques et sur les délais de mise sur le marché qui sont autant de points faibles.

Un changement à l’aube du Covid ?

La France a accumulé pas mal de retard, par rapport à ses principaux concurrents du domaine de la Healthtech. Par contre, elle possède un atout de taille avec une recherche scientifique prolifique et performante. Le Covid semble rebattre les cartes et réorienter les priorités de l’Europe, du gouvernement qui affichent la volonté de remettre de l’argent dans ce secteur afin de retrouver une certaine souveraineté sur un secteur stratégique, revenu très largement sur le devant de la scène. Espérons que cela puisse se concrétiser dans les faits, avec une multiplication de licornes healthctech sur le vieux continent dans les prochaines années.

 

Emmanuel ETESSE, Consultant Innovation Agri/Agro & Santé – Le Village by CA Finistère

Close Popup

Le Village By CA Finistère utilise des cookies pour ce site : certains cookies sont indispensables car utilisés à des fins de bon fonctionnement et de sécurité : d'autres sont facultatifs. Les cookies de mesure d'audience permettent de réaliser des statistiques de visites, d'analyser votre navigation.

Les cookies de publicité personnalisée permettent de personnaliser votre parcours, les publicités, communications et sollicitations de prospection commerciale à votre intention.

Nous vous invitons à nous faire part dès à présent de vos choix concernant le dépôt de ces cookies facultatifs sur votre terminal, soit en les acceptant tous, soit en les refusant tous, soit en personnalisant votre choix par finalité. A défaut, vous ne pourrez pas poursuivre votre navigation sur notre site.

Votre choix est libre et peut être modifié à tout moment, en cliquant sur le lien "Cookies", en bas de page. Nous conservons votre choix pendant 6 mois.

Close Popup
Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Veuillez noter que les cookies essentiels sont indispensables au fonctionnement du site, et qu’ils ne peuvent pas être désactivés.

Cookies techniques
Pour utiliser ce site Web, nous utilisons les cookies suivant qui sont techniquement nécessaires
  • wordpress_test_cookie
  • wordpress_logged_in_
  • wordpress_sec
  • *Google reCAPTCHA*
  • *_grecaptcha*
  • *welaunch_*
  • rs6_library_pagination
  • rs6_overview_pagination
  • pll_language

Refuser tous les services
Save
Accepter tous les services