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Low-tech, à rebrousse-poil

LOW-TECH

Cet anglicisme low-tech, forgé en opposition à high tech, a été popularisé en France par l’ingénieur Philippe Bihouix. Dans L’Age des low-tech (éd. Le Seuil, 2014), il proposait cette définition :

« Applicable à tous les domaines – de l’agriculture au bâtiment en passant par la mobilité – cette démarche repose sur trois questions : Pourquoi, au sens de pourquoi produit-on, est-ce utile, ne peut-on intensifier ou mutualiser les usages de lieux existants ? Quoi, en termes de besoins, de ressources mobilisées, de réduction de l’impact environnemental à toutes les phases de fabrication ? Enfin, comment, soit pour quel type d’usage, quel arbitrage entre travail humain et machine ? »

Dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid, la fragilité de nos écosystèmes a été révélée au grand jour, nous amenant à nous questionner sur l’indispensable recours aux technologies. De plus en plus, les objets innovants précèdent les besoins. Abreuvés par une multitude de solutions techniques complexes : intelligence artificielle, robotique, numérique, énergies vertes, avions à hydrogène, 5G… qui nous offrent des promesses de performance et de productivité sans faille, on ne s’interroge plus sur l’utilité des services et des objets issus des nouvelles technologies. Surtout, toute solution technologique comporte sa part d’externalités. Dans ce contexte, le sens du progrès technique devient un sujet de société car l’innovation ne doit pas être capturée par la technologie, elle est aussi sociale, organisationnelle, institutionnelle, citoyenne.

Mais la démarche low-tech n’est pas un refus de la technologie car sans exclure la high-tech, elle sait y recourir quand c’est nécessaire. Elle remet la technologie à sa juste place avec discernement. Elle cherche un mix technologique équilibré entre technologies simples et complexes pour un juste rapport entre les humains et leurs techniques.

Utile, durable, accessible, la low-tech invite à réduire notre impact écologique, à repenser notre rapport à la technique mais aussi notre idéal de société.

La low-tech favorise l’essor de technologies simples, peu onéreuses, accessibles à tous et facilement réparables. C’est une démarche évolutive qui encourage une sobriété de consommation et de production. Elle questionne en premier lieu les besoins et fait appel pour cela à des moyens courants et localement disponibles. Elle prend en compte les dimensions sociales et environnementales dans la conception et la fabrication des produits. Elle améliore la résilience des territoires dans un contexte de tension sur les ressources. La démarche low-tech met les individus en capacité d’agir dans la société, elle donne du sens aux choses. Permettant une réappropriation des outils, parce qu’ils sont moins complexes, elle favorise la créativité humaine. Elle privilégie autant que possible l’utilisation de technologies simples d’usage et accessibles au plus grand nombre.

L’humanité a été formidablement inventive, en particulier ces deux ou trois derniers siècles. Finalement tout problème a une solution, et en particulier une solution technique. Les voitures émettent du CO2 ou des particules, passons aux voitures électriques. L’aviation pollue, passons à l’hydrogène. Rien de semble échapper à cette fascination pour la solution technologique.

Les outils qui nous entourent sont d’une grande complexité technique. L’homme se retrouve souvent au service de la machine, d’une interface, dont il ne comprend pas le fonctionnement, ou dont il a un usage restreint, avec beaucoup de fonctions, au final, inutiles. Les effets sur notre capacité à faire les choses, à imaginer, à créer sont délétères. En s’interrogeant sur ce lien entre les humains et leurs outils, leurs techniques, l’approche low-tech permet d’aborder la question de la juste technique, le bon niveau de technicité tout en raccrochant les questions sociales, l’accessibilité, l’empreinte matérielle. C’est peut-être là l’originalité de l’approche low-tech qui vient compléter d’autres concepts comme la frugalité, la sobriété, l’économie circulaire.

Cette approche doit infuser à tous les niveaux, dès l’expression des besoins. Il ne s’agit pas seulement de concevoir mieux, de réaliser des projets les plus neutres en carbone possible car avec les volumes actuels, s’il fallait tout concevoir avec des matériaux géosourcés ou biosourcés, les ressources disponibles n’y suffiraient pas. Il s’agit donc d’abord de questionner fondamentalement les besoins, d’intensifier intelligemment l’existant, de lutter contre l’obsolescence, en multipliant les fonctions, en privilégiant la réparation, voire de produire moins en faisant évoluer nos référentiels culturels.

Car le coût environnemental de l’”électronicisation” de la société est réel. Cette technicisation génère de la consommation d’énergie et de la consommation de matières, par des antennes, des capteurs qu’on va installer un peu partout. Les dispositifs high-techs sont souvent difficiles à recycler par nature car miniaturisés, optimisés, intégrés. Un smartphone contient 40 métaux différents et en petites quantités très difficiles à démonter et recycler.

Quand le high-tech engendre une consommation accrue des ressources, et souvent des ressources rares, la démarche low-tech nous invite à utiliser ces ressources précieuses seulement quand elles sont vraiment utiles, et quand le rapport coût-bénéfice est démontré.

Et puis il y a aussi l’effet rebond. Indéniablement, les technologies deviennent de plus en plus efficaces, car c’est aussi une manière d’être efficace économiquement : améliorer les rendements des machines fait baisser les prix des produits et incite les gens à en acheter plus. Quelques exemples historiques d’effets rebond :

  • Dans les transports : on a amélioré l’efficacité des moteurs, donc on paye moins cher au kilomètre parcouru, donc on voyage plus souvent. Résultat : la consommation globale de pétrole par personne ne cesse d’augmenter.
  • Dans le numérique : on a baissé le coût de stockage des données et le prix des terminaux, et le numérique consomme aujourd’hui presque 10% de l’électricité mondiale.
  • Dans l’industrie textile elle-même : si on s’achète autant de vêtements aujourd’hui, c’est d’abord parce que des milliers de machines ont permis de remplacer le travail manuel et donc de drastiquement baisser le prix des vêtements.

Adopter une démarche low-tech, c’est se lancer dans une démarche consistant à orienter l’ensemble de nos décisions, à toutes les échelles, vers une économie de ressources réelle. Cela passe par les usages et par les comportements. Ce sont des solutions sociotechniques, pas seulement techniques. Par exemple, un bâtiment du futur, ce n’est pas forcément un bâtiment bardé de capteurs et d’automatismes qui ne seront pas bien pris en compte par les utilisateurs. Le smart building n’est pas facile à appréhender et à faire vivre sur la durée. Est-ce qu’il vaudrait mieux le retour du concierge et quelqu’un qui gère sur place la maintenance ? Ces questions peuvent se poser dans tous les domaines.

Depuis le 26 mars, le fonds de dotation Explore propose une formation en ligne gratuite pour en apprendre plus sur les low-tech. Installé à Concarneau, Explore héberge le Low-Tech Lab  qui expérimente les low-tech autour du monde grâce au catamaran Nomades des Mers. Corentin de Chatelperron, l’ingénieur à l’origine du Low-tech Lab a notamment conduit l’expédition Nomade des Mers en 2016. Elle lui a permis d’expérimenter les low-tech durant des mois à bord d’un catamaran parcourant le globe : filtre à eau potable, « frigo du désert » (système de refroidissement par évaporation de l’eau), hydroponie (culture hors-sol) ou encore culture de grillons comestibles ont notamment fait partie du périple. Le Lab, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de membres actifs et rassemble plus de 43 000 abonnés sur Facebook, se donne pour mission de documenter et de diffuser ce type d’alternatives.

MOOC « Pensez autrement avec les low-tech », cliquez ici.

Bibliographie :

“L’Âge des low tech”, vers une civilisation techniquement soutenable Philippe Bihouix

 

Gina HERRY, Développement Commercial/Relation Banque – Le Village by CA Finistère

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