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L’agriculture fait profil bas … Carbone

Captation carbone

L’agriculture, souvent pointée du doigt en matière d’émission de gaz à effet de serre, se classe en fait au 3èmerang des contributeurs après le transport et le résidentiel. Mais s’il est émetteur de gaz à effet de serre (GES), le secteur agricole et forestier peut aussi faire office de puits de carbone. Et certains acteurs, pour certains en dehors du monde agricole, misent sur cette singularité pour les aider à compenser leurs émissions. Explications !

Une nécessaire réduction

L’agriculture produit 85 MteqCO2 quand le total des émissions françaises s’élève à environ 445 MteqCO2. Petit aparté, si on parle ici de « tonnes équivalent CO2 » alors que le CO2 représente une partie majoritaire des gaz à effet de serre (GES), c’est qu’il faut y ajouter le protoxyde d’azote (N2O), le méthane (CH4) et quatre gaz fluorés (de la catégorie des fluorocarbures).

Par exemple, toujours pour le secteur agricole, 45 % de ses émissions de gaz à effets de serre sont issues du méthane, 42 % du protoxyde d’azote et seulement 13 % du dioxyde de carbone.

                                 Source : CITEPA

Mais, quel que soit le secteur d’activité, et afin de lutter contre le changement climatique, toute la communauté scientifique s’accorde à dire qu’il faut accélérer sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est l’objet de l’accord de Paris qui vise à contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.

A cet effet, l’Union européenne a reprécisé ses objectifs en fin d’année 2020 et donné leur feu vert à une baisse nette de leurs émissions d'”au moins 55 %” d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre – 40 % précédemment, afin d’atteindre en 2050 la neutralité carbone.

Emetteur et récepteur

Pour atteindre ces objectifs, il va falloir actionner de nombreux leviers afin de limiter la partie émission de carbone et de maximiser sa séquestration. Acteur de cette réponse à la problématique climat, la filière agricole et forestière a la possibilité de jouer sur les deux terrains. Une chance car c’est beaucoup moins facilement le cas pour d’autres secteurs. Côté réduction, les actions sont multiples : gestion et alimentation du troupeau pour le méthane entérique, durée de « vie » des prairies pour le CO2, méthanisation ou optimisation de la fertilisation minérale pour le protoxyde d’azote.

Côté captation, l’agriculture est capable de participer au stockage de carbone grâce à toute une série de techniques bien connues. Cela va du semis direct sous couvert, à l’agroforesterie, en passant par l’implantation de haies et de prairies. A son échelle, chaque agriculteur, au travers des pratiques qu’il met en place sur son exploitation, peut donc concourir à une augmentation du stockage du carbone atmosphérique dans le sol. A l’échelle de la planète, les stocks piégés par le sol et la biomasse pèsent 2 400 milliards de tonnes, soit 2 à trois fois plus que la masse du carbone atmosphérique. Un chiffre à comparer aux 9,6 milliards de tonnes émises par an par les activités humaines. Le véritable défi consiste donc à augmenter de quatre pour mille, à l’échelle du monde, le stockage de carbone organique… Dans ces conditions, l’humanité serait en capacité de devenir neutre en termes d’émissions de GES. 4 pour 1000 est d’ailleurs le nom de l’initiative internationale lancée par la France et qui vise à montrer que l’agriculture, et en particulier les sols, peuvent jouer un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et le changement climatique.

Le carbone évité monétisé

Dans ce contexte, depuis fin 2018, la France a mis en place une certification : le Label Bas Carbone. Ce label, adossé à une méthodologie appelée « Carbon Agri », permet de comptabiliser, en toute transparence, les réductions d’émissions de GES et l’augmentation du stockage carbone à l’échelle d’une exploitation volontaire. Parallèlement, une association, France Carbon Agri Association (FCAA) a été créée afin de fédérer les projets à l’échelle locale et nationale.

L’avantage de la mise en place de cette structuration, c’est que les efforts entrepris par les agriculteurs sont récompensés au travers de la monétisation de contrats carbone. C’est FCAA qui gère l’obtention et la vente de crédits carbone de façon collective et qui fait donc la relation entre un industriel cherchant à compenser tout ou partie de ses émissions de GES et les agriculteurs stockant davantage de carbone.

Dans ce cadre, le premier appel à projet lancé début 2020 a permis de fédérer 391 agriculteurs réunis sur l’ensemble du territoire. Les crédits carbones ont été vendus à un prix plancher de 30 € la tonne de CO2 évitée. Cela devrait pouvoir engendrer, outre les charges évitées par l’amélioration des pratiques, un revenu complémentaire moyen de 5000 € à 12000 € au terme d’un engagement de 5 ans et en fonction de la taille de l’exploitation. On estime en effet que sur des exploitations moyennes françaises, sur 5 ans, on peut s’attendre à une réduction comprise entre 300 et 400 tonnes de CO2.

D’autres initiatives …

Outre Quiévrain, une initiative du même genre a vu récemment le jour, porté par l’entreprise Belge Soil Capital. Le principe est le même avec de part et d’autre des sociétés soucieuses de réduire leur empreinte carbone et de l’autre des agriculteurs audités régulièrement pour mesurer la quantité de carbone stockée sur leur exploitation, via un outil développé par des universitaires, le Cool Farm Tool.

De l’autre côté de l’Atlantique, TruTerra, filiale de développement durable de la coopérative agricole américaine Land’O Lakes, a annoncé début 2021 le lancement de son programme TruCarbon. Celui-ci a pour vocation d’aider les agriculteurs à générer et à vendre des crédits carbone aux entreprises du secteur privé. Peu de temps après son lancement, TruTerra a notamment annoncé la vente de crédits carbone pour un montant de 2 millions de dollars au géant de la technologie Microsoft, qui cherche à devenir neutre en Carbone d’ici 2030. L’accord couvre l’équivalent de 100000 tonnes de carbone séquestré par les producteurs de maïs, de coton, de soja et de blé de Land’O Lakes.

Au travers de ces quelques exemples, l’agriculture est donc perçue comme une planche de salut pour les grands groupes. Les géants du numérique par exemple, qui affichent des émissions de GES en constante évolution, opèrent depuis peu des rapprochements plus ou moins étroits avec le secteur agricole afin de se racheter une conduite environnementale. Responsables de 4% des émissions mondiales aujourd’hui, on estime que ce secteur pourrait, à horizon modéré, doubler son empreinte carbone si rien n’est fait ! Il est donc plus que temps d’agir et c’est la raison pour laquelle le sujet de la sobriété numérique commence à émerger.

Sauf à trouver une technologie industrielle de captation de CO2 efficiente (les aspirateurs à carbone ne sont pas encore la panacée), l’agriculture a sans doute une belle carte à jouer sur le sujet. Pour autant, pourra-t-elle prétendre participer à l’appel à solution lancé par Elon MUSK sur Twitter en janvier dernier ?

Emmanuel ETESSE, Consultant Innovation Agri/Agro & Santé – Le Village by CA Finistère

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