La vie n’est pas un long fleuve tranquille et nous réserve malheureusement de temps à autre quelques tempêtes… L’exemple du COVID-19 en est une parfaite illustration. Imprévisible coup du sort ? Certes.
Pourtant les pandémies ont toujours existé et régulièrement les experts en prospective nous rappellent que ce type de menace plane au-dessus de nos têtes comme tant d’autres d’ailleurs.
Alors, même si la résilience est devenue le maître mot pour nous aider à nous remettre de tels traumatismes, n’y a-t-il pas une posture à adopter en amont des crises pour mieux se préparer aux risques et ainsi en réduire les conséquences ? En la matière, le monde des opérations spéciales est sans nul doute un modèle dont il conviendrait de s’inspirer, car après tout, les membres de ces unités d’élites font de la crise, leur quotidien.
Alors comment les forces spéciales se préparent-elles au pire et quelles sont leurs méthodes pour éviter les risques, en réduire l’intensité ou du moins en minimiser les effets. Ceux qui, quotidiennement affrontent humblement d’imprévisibles ennemis, savent que la meilleure des armes est justement celle qui permet d’éviter au maximum d’y avoir recours. Et ce n’est pas de dissuasion dont il est question ici, mais bien d’anticipation. Anticiper c’est : “Prévoir, supposer ce qui va arriver et adapter sa conduite à cette supposition”.
Voilà le secret, le socle, qui permet à ces professionnels de réussir malgré la tension et la complexité des situations rencontrées.
L’anticipation, apparait en effet comme la meilleure des protections, car elle permet d’orienter ses entrainements, de préparer avec minutie et rigueur son plan d’actions. Anticiper est d’une certaine manière envisager le pire et imaginer les parades adéquates, en somme fabriquer son propre filet de secours pour chaque type de situation. C’est essentiel lorsqu’il s’agit de franchir délibérément une porte derrière laquelle vous attendent des preneurs d’otages ou des terroristes fermement décidés à en découdre avec vous.
Prévoir le pire et imaginer à l’avance les moyens de l’éviter, en appliquant la fameuse loi de Murphy qui veut que ” Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal ” voilà une des raisons du succès des opérations spéciales.
Ainsi, pour chaque phase d’une mission, ces militaires aguerris ont pour principe de soumettre leur plan d’attaque aux différents aléas possibles : cas de panne, dommages causés par l’ennemi, changements de météo, présence d’obstacles etc,… Ce brainstorming en équipe doit permettre de déterminer la meilleure façon d’intervenir ainsi que la chronologie précise de l’intervention. Face aux aléas incontournables, quelques procédures de secours communément appelées les « variantes » sont également définies, pour se sortir à moindre mal des cas non conformes au déroulement nominal de la mission. Ces procédures à tiroirs permettent, en s’y raccrochant, de poursuivre la mission en mode dégradé, ou de prendre la décision de faire demi-tour selon des critères clairement établis. Critères qui font l’objet d’une liste de paramètres d’aide rapide à la décision que tout le monde connait sous le nom de GO NO GO.
Enfin, pour ne vraiment rien laisser au hasard et pousser à son paroxysme le niveau d’anticipation et de préparation, chaque opération spéciale fait l’objet d’une répétition générale, un ultime entrainement en conditions presque réelles, juste avant le déclenchement de l’opération.
Voilà donc comment se préparent les forces spéciales pour affronter les crises avec les meilleures chances de succès.
Alors comment transposer ces techniques de préparation de mission qui ont fait leurs preuves, à votre cadre de travail qui je l’espère pour vous est un peu moins à risque.
Prenons un cas pratique, votre entreprise se fixe l’objectif de développer une application mobile qui transforme les courriels supprimés dans la corbeille de votre messagerie en énergie (joli concept éco-responsable !)
- Tout d’abord, constituez un petit groupe pour travailler en toute confiance. C’est primordial; la confiance est sans nul doute la qualité première des personnels des forces spéciales.
- Analysez le marché sous toutes ses coutures. Le renseignement est la base de toute opération et doit être mis à jour jusqu’à la dernière minute !
- Organiser une réflexion collégiale avec ce groupe de travail visant à planifier le développement et imaginer tous les aléas qui pourraient venir perturber son bon déroulement.
Exemple d’aléas :
Le développement de l’application va durer plus longtemps que prévu :
Variantes :
- Modifier le calendrier et le plan de trésorerie
- Rester sur le même calendrier en recrutant des développeurs supplémentaires (mais ça ne court pas les rues …)
L’ennemi (la concurrence) lance une application similaire à la vôtre :
Variantes :
- La profondeur du marché est suffisante, il est possible d’affronter ce concurrent même avec un léger différé
- Interruption du développement en revenant sur les produits historiques de l’entreprise (retour d’expérience, une veille technologique poussée aurait pu vous éviter pareille déconvenue)
Le réseau internet mondial est attaqué :
Variantes :
- Tout était sur le CLOUD : dommage c’est chômage technique…
- Une sauvegarde des développements a été faite sur le réseau interne de l’entreprise, le travail peut se poursuivre en local.
Et nous pourrions ainsi continuer à énumérer tous les cas de figures.
Gardez en tête qu’en travaillant de la sorte avec votre équipe, au-delà de développer votre sens de l’anticipation, vous aurez favorisé l’adhésion de tous dans les décisions futures, car chacun aura le sentiment d’y avoir contribué. Vous renforcerez ainsi également la cohésion et la réactivité du groupe, c’est votre meilleur atout face à l’adversité.
A la fin du développement, n’oubliez pas de vous réunir pour un débriefing « à chaud », un moment à part, au cours duquel il faudra apprendre à tout se dire et surtout ce qui fait le plus mal. C’est le meilleur moyen de faire grandir l’équipe et de tirer les enseignements de ses erreurs. Chaque unité d’élite met un terme à sa mission au travers ce moment privilégié puis rédige un « RETEX »; compte rendu retour d’expériences, qui servira à améliorer les actions futures et laisser une trace aux successeurs.
En conclusion, retenez que pour qu’un plan puisse se dérouler sans « accroc », il convient simplement de tout prévoir et de laisser finalement le moins de place à la chance. Quelle que soit l’évolution de la situation, si vous avez pris le temps de penser à l’avance aux mesures correctives en équipe, vous serez en capacité de décider avec clairvoyance dans le feu de l’action. « Que les forces spéciales soit avec vous ! »
Si vous souhaitez être accompagné pour organiser un RETEX : [button title=”Contactez-nous” link=”https://levillagebycafinistere.com/#contact” target=”_blank” align=”CENTER” icon=”” icon_position=”” color=”#006ab0″ font_color=#FFFFFF” size=”2″ full_width=”” class=”” download=”” rel=”” onclick=””]
Arnaud Le Maout – Consultant Innovation Mer & Cybersécurité Le Village by CA Finistère