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Agro-alimentaire : data et traçabilité augmentée

La confiance dans les aliments que nous mangeons revêt un intérêt majeur pour le consommateur. Les crises alimentaires ou les contextes sanitaires difficiles, comme celui que nous vivons actuellement, ne font que renforcer cette préoccupation. Mais la traçabilité seule, celle qui sert uniquement la sécurité alimentaire, ne suffit plus. Le consommateur souhaite aujourd’hui acheter de manière plus éclairée, plus responsable avec une collecte d’informations tout au long de la chaîne de valeur. Pour servir cette nouvelle attente, start-up et grands groupes investissent ce nouveau champ d’innovation.

La traçabilité en question

En matière de réassurance alimentaire, il faut dire que des évènements ont marqué les esprits et malmené la confiance placée dans les informations affichées sur les produits. En France, on se souvient notamment du scandale des lasagnes à la viande de cheval, en 2013, qui a mis en avant les multiples carences du système de traçabilité européen.

Mais l’Europe n’est évidemment pas la seule à être touchée. Tous les continents, tous les pays connaissent à un moment ou un autre ce genre de « désagrément », qui reste la hantise des industriels de l’agro-alimentaire. En Chine par exemple, c’est en 2008 qu’avait éclaté l’affaire du lait contaminé à la mélamine. Avec des dizaines de milliers de nourrissons touchés, de multiples hospitalisations et au moins 6 décès, la filière laitière chinoise mise à mal, peine toujours à retrouver la confiance des consommateurs.

De l’autre côté de l’Atlantique, en 2015, une épidémie d’E. Coli dans la chaîne de restauration Chipotle ou les récentes importations de viande avariée en provenance du Brésil ont provoqué des impacts durables en termes d’images et de confiance des consommateurs.

Une confiance limitée

L’enjeu de sécurité alimentaire reste donc une problématique récurrente, et paradoxalement la crise sanitaire actuelle a réactivé les inquiétudes présentes. Globalement, les consommateurs se soucient de plus en plus de l’effet sur leur santé et sur la planète de ce qu’ils mettent dans leur assiette ! Selon une étude menée par Mérieux Nutriscience au premier semestre 2020, seulement 69 % des consommateurs français affirment avoir confiance dans les aliments qu’ils consomment. Alors que nos filières alimentaires sont réputées être parmi les plus sûres. L’enquête révèle aussi que ce manque de confiance dans les aliments s’accompagne d’un sentiment d’être mal informé, exprimé par environ la moitié des personnes interrogées (49%). Mal informés notamment quant à la présence de produits controversés dans ce qu’ils achètent puisque pour 87 % des français, c’est la principale cause d’inquiétudes.

Le flou des labels

Face à cette défiance, on pourrait penser que les labels par exemple, avec leur demi-siècle d’existence, seraient de nature à apporter cette confiance mais il n’en est rien. Car malgré un historique important, cet élément différenciant est encore finalement peu connu. Une enquête 2020 pour LSA-conso, montre que seuls 14 % des sondés sont à même de citer spontanément le label Rouge ! Et quand ils le connaissent, seuls 53 % des consommateurs déclarent leur accorder une confiance, quand 34 % sont réservés et 13 % ne sont pas convaincus.

S’il a pour vocation d’être gage de qualité, le label a pour défaut principal de rester flou pour les consommateurs, car qui connaît précisément le cahier des charges sur lequel il est attribué ? Quand c’est flou, il y a un loup dit l’adage… D’où l’émergence actuelle des allégations spécifiques exprimées clairement sur l’étiquette ou sur l’emballage et qui « parlent » plus facilement au consommateur.  On voit donc fleurir aujourd’hui de nombreuses promesses produits « sans » (sans additifs, sans nitrites, sans antibiotiques, sans OGM…) et/ou « avec » (avec pâturage, avec respect du bien-être animal, avec parcours plein-air, avec rémunération de l’exploitant, avec mode de production biologique, avec empreinte CO2 limitée, …) qui prennent de plus en plus de place dans les linéaires.

L’ère de la traçabilité augmentée

Désormais, l’enjeu n’est donc plus seulement de certifier qu’un produit ne représente pas de risque sanitaire au travers de la traçabilité. Il faut également recueillir tout au long de la chaîne de production des données permettant de valider, et de pousser vers le consommateur, les preuves des promesses faites sur les produits. Pour répondre à cet enjeu, des acteurs de la filière alimentaire s’intéressent notamment à la technologie Blockchain qui a trouvé son utilité première dans le domaine des cryptomonnaies. Pour la déclinaison alimentaire, il s’agit en fait d’une base de données qui permet de collecter, sécuriser et distribuer l’information de la fourche à la fourchette.

Walmart, le géant américain de la distribution a été l’un des pionniers à utiliser cette technologie, tout d’abord dans un souci de sécurité sanitaire, en s’appuyant sur la brique technologique IBM Food Trust. Lors d’un premier pilote, le temps de traçage d’un article du détaillant à la ferme est passé de 7 jours à… 2,2 secondes ! Intéressant lors de rappels produits. Ce POC (preuve de concept) réussi a incité Walmart à appliquer, voire imposer l’intégration de la blockchain à de nouvelles filières. Ce fut le cas notamment sur les légumes feuilles (salades, épinards) en 2018. A la suite d’une intoxication alimentaire touchant 36 états américains, Walmart a donné un an à tous ses fournisseurs pour digitaliser leurs données et les intégrer dans la blockchain !

En Europe, Carrefour, puis Casino, ont été les premiers à utiliser cette technologie. Ils y voient également la possibilité d’intégrer des informations complémentaires permettant de vérifier les allégations, de raconter l’histoire du produit et de le promouvoir. Pour le groupe Carrefour, plusieurs filières sont déjà passées à la moulinette de la traçabilité augmentée :  poulet d’Auvergne, tomate Cauralina, œufs fermiers de Loué, fromage rocamadour AOC, lait frais Gillot, saumon de Norvège et poularde de Noël. L’objectif est d’appliquer cette technologie à tous les produits Filière Qualité Carrefour d’ici 2022. Là aussi, cela impliquera en amont d’accélérer les process de numérisation des données pour les fournisseurs !

Les groupes de distribution ne sont pas les seuls à investir le terrain de la traçabilité augmentée. Certains industriels de l’agro-alimentaire, voyant les distributeurs avancer sur le sujet, souhaitent prendre les devants.

Pour les mieux dotés en moyen IT, ils peuvent s’appuyer directement sur le socle IBM food trust comme Nestlé l’a fait, en collaboration avec Carrefour, pour la purée Mousline. Au travers d’un flash QR code cela permet d’accéder en vidéo au mode de production des pommes de terre constitutives de la purée :  https://www.youtube.com/watch?v=7gPJb5NYEBk&feature=emb_logo

Pour les autres, ils peuvent faire appel à des start-up qui ont investi le créneau de la traçabilité blockchain depuis maintenant plusieurs années. Sur le sujet, on peut notamment citer Connecting Food qui, si elle s’appuie également sur l’expertise blockchain d’IBM, y ajoute des modules complémentaires d’audit, de tracking ou d’application mobile de façon à apporter une solution clé en main à leurs clients. Des projets ont été finalisés avec Herta, Ingredia, Terres du sud ou Mondelez qui, par exemple, trace le blé nécessaire à la fabrication de ses petits LU.

Crystal Chain, une autre start-up propose également des solutions de traçabilité liées à la technologie blockchain. Ils ont d’ailleurs travaillé avec Carrefour sur le développement de certaines filières ainsi que pour Raynal & Roquelaure sur des informations de production des lentilles et des haricots entrant dans la composition de 6 recettes à ce jour.

Un “must have” à l’export ?

Tous ces exemples illustrent bien le fait que l’industrie agroalimentaire, quelle que soit la filière, est en recherche de solutions permettant aujourd’hui d’améliorer les process de traçabilité, en d’offrir plus de transparence aux consommateurs. Ce besoin est challengé par les distributeurs ou poussé par les clients qui veulent aujourd’hui plus d’informations ou de preuves quant à l’origine de l’aliment qu’ils achètent, la manière dont il est produit, ou ce qu’il contient. Pour l’accès à certains marchés export, notamment en Asie, c’est aussi un plus indéniable… avant de devenir un « must have » ?

Pour preuve, FoodGates, spécialisée dans les produits agroalimentaires français premium à destination des acheteurs chinois, vient d’inaugurer sa plateforme début novembre, intégrant nativement une traçabilité blockchain. Elle a signé grâce à cela un partenariat avec Les Maîtres laitiers du Cotentin pour la mise en marché de briquettes de lait infantile contenant toutes les informations utiles pour rassurer les consommateurs chinois. Une nouvelle concurrence pour Danone, qui avait lancé, début 2020 son offre Track and Connect sur le même segment de marché, sur le même secteur géographique mais qui prévoit aussi de l’étendre rapidement en France, en Allemagne, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Tous ces signaux convergent vers le fait qu’il va maintenant falloir remonter la chaîne d’approvisionnement jusqu’à la source afin de produire toutes les données nécessaires à l’alimentation de ces blockchains ! Pour satisfaire l’appétit de datas de la filière, le travail de numérisation des informations constitue bien souvent le premier maillon de la chaîne. Il faut organiser la collecte, l’intégration dans le système d’information, l’accessibilité et le partage des données… un défi de taille pour les différentes filières alimentaires.

Des allégations de plus en plus nombreuses !

Emmanuel ETESSE, Consultant Innovation Agri/Agro & Santé – Le Village by CA Finistère

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