Mardi 17 décembre 2019, près de 180 personnes étaient présentes à l’auditorium des Capucins pour notre Six2Nine exceptionnel consacré à l’Homme réparé ou augmenté.
« La vue, les couleurs, sont des éléments d’intégration sociale, on en parle tous les jours sans s’en rendre compte… » Atteint d’achromatopsie, une pathologie qui lui impose de voir la vie en noir et blanc, Neil devient en 2004, la première personne au monde à avoir une antenne implantée dans son cerveau pour entendre et ressentir les couleurs. Les sons et les couleurs peuvent tous deux être retranscrits en fréquence, chaque son et chaque couleur dispose de sa propre intonation. Ainsi, en partant du principe d’Isaac Newton, qui dans les années 1600 a fait correspondre une note à chaque couleur de l’arc en ciel, Neil a choisi de ressentir les couleurs en onde sonore. Le cerveau de Neil s’est alors adapté à cette nouvelle réalité, pour autant, ce n’est pas en homme augmenté ou réparé que Neil se revendique, mais plutôt comme une espèce dotée de sens étendus, au-delà de la perception humaine. De nouveaux sens qui luipermettent de « voir » et d’appréhender le monde différemment, en ressentant ce qui est indétectable pour le commun des mortels. C’est notamment le cas de l’infrarouge et de l’ultra-violet, invisibles pour l’espèce humaine. « Je ressens des couleurs quand j’écoute de la musique, ce qui me permet de peindre la musique ». J’écoute l’art et ressens les gens ». Avant d’être cyborg, Neil est avant tout un artiste, et dans sa quête de sens et de nouvelles sensations, il déploie et développe l’art cyborg par l’exploration de l’identité, la perception humaine et la connexion entre la vue et le son. « Être cyborg implique d’être soi-même une technologie ». Bien plus qu’une simple expérience sensorielle, devenir une technologie c’est-à-dire ressentir soi-même les éléments grâce à une nouvelle partie de son corps et non en portant un équipement électronique, c’est la possibilité de se concevoir soi-même, de concevoir ses propres perceptions et donc in fine d’être libre de choisir ses sens et ses organes pour participer activement à l’évolution biologique de l’espèce. Dans cette perspective, les impacts sur l’environnement ne peuvent être que positifs selon Neil, puisque ce qui est augmenté sur l’Homme (la possibilité de voir la nuit par exemple) ne le sera pas sur la Planète (l’éclairage de nuit) ce qui participera ainsi à la préservation d’une Terre fragile, trop souvent dénaturée et favorisera le maintien de ressources parfois surexploitées. Les interventions de nos invités ont toutes les trois révélé un aspect particulier de l’Homme augmenté.
Neil Harbisson a quant à lui apporté un regard qui va probablement au delà de la vision prospective et qui nous amène à des réflexions d’ordre éthique et d’évolution de l’Homme. Enfin, les travaux de recherche présentés par Célia Loriette sur les interfaces cerveau/machine resteront pour nous le sujet le plus perturbant. Il nous montre le pouvoir de la machine sur le cerveau et sur sa capacité à le faire désapprendre. Aujourd’hui, ce qui fait de l’Homme sa singularité peut aussi le rendre vulnérable demain.
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