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Le CES Las Vegas toujours aussi tendance ? Créé en 1967 le Consumer Electronic Show, le salon de l’électronique grand public pour les non-initiés à la langue de Shakespeare, s’est imposé au fil des années comme l’incontournable vitrine de l’innovation high-tech mondiale. En effet, c’est là qu’en leurs temps, les magnétoscopes, walkman, CD rom, DVD, consoles de jeux, ou autres camescopes numériques pour ne citer qu’eux, ont été pour la première fois dévoilés au public, avant de connaitre des succès planétaires qui ont chamboulé les habitudes de vie du plus grand nombre. La 53ème édition a-t-elle été un grand cru ? Ce qui est sûr, c’est que 2020 aura fait la part belle à la mobilité avec le tout autonome, aux objets connectés et autres robots qui s’orientent de façon remarquée vers nos données de santé, et au potentiel de l’Homme à être augmenté par ces nouvelles technologies. La patate connectée quant à elle est parvenue à faire le buzz ! “Pas vraiment un canular pour ridiculiser le CES” selon son auteur mais plutôt “une performance artistique, afin d’interpeller sur le bien-fondé du tout connecté”. Alors ce CES Las Vegas, the place to be or not to be ? Tout d’abord le salon 2020 en quelques chiffres : 4500 exposants sur 270 000 m², visités par 175 000 visiteurs venus du monde entier. D’un point de vue pratique, ce qu’il faut retenir si vous avez l’intention de vous y rendre un jour c’est qu’il faudra vous équiper de bonnes chaussures de marche ! Il vous sera tout simplement impossible, comme dans un très grand musée étalé sur 3 sites aux 3 coins de la ville, de voir en une seule fois l’ensemble de ce qui est exposé. D’autant plus si vous prenez le temps de lire les milliers de kakémonos décrivant les produits. Bref, il est donc fortement recommandé de bien préparer son séjour en ciblant autant que possible les secteurs ou entreprises susceptibles d’attirer vos convoitises sous peine de transformer votre visite en déambulation harassante sans grand intérêt. Reste que le soir venu, vous pourrez oublier vos petites douleurs plantaires en sirotant un petit verre autour des tables de jeu des casinos omniprésents, puisqu’ils hébergent en leurs seins les halls d’exposition. A consommer bien sûr avec modération ! Mais revenons aux tendances de l’année 2020 : Ce que nous retenons de cette édition, c’est que la tendance est toujours à la mobilité avec en toile de fond la Smart City. Cependant, rien de bien révolutionnaire du côté des PC et téléphones portables qui peinent à se renouveler dans l’attente de la 5G. Une 5G qui en revanche fait la part belle aux objets connectés toujours plus nombreux mais avec une forte propension à récolter nos données de santé grâce aux « wearables », ces vêtements ou accessoires qui mesurent vos constantes et faciliteront votre suivi médical et plus généralement votre bien-être. L’exemple de la montre ScanWatch de Withing démontre parfaitement bien ce constat. Elle revient en force au CES, puisqu’au-delà d’être capable d’effectuer un ECG (électrocardiogramme), elle permet aujourd’hui grâce à un capteur mesurant le taux d’oxygène dans le sang, de détecter les maladies qui sont difficiles à diagnostiquer lors d’un contrôle chez le médecin. Citons notamment les apnées du sommeil ou encore l’arythmie, qui ne se manifestent généralement pas au cours d’une consultation.
© https://www.withings.com/fr/fr/scanwatch Au-delà des données de santé, d’autres innovations vont plus loin en révélant le potentiel de l’Homme à augmenter ses capacités grâce aux nouvelles technologies, c’est notamment le cas des prothèses connectées et des exosquelettes de plus en plus puissants et performants. Nous retiendrons un autre bel exemple d’innovation, de rupture cette fois, dans le secteur automobile qui mérite d’être salué parce qu’il va sans doute améliorer notre confort de conduite et la sécurité routière mais aussi car c’est l’exemple parfait de ce que peut produire une dynamique d’innovation participative au sein d’un grand groupe industriel. Voici le pare-soleil BOSCH Virtual Visor : ce pare-soleil consiste en un écran LCD transparent qui, grâce à l’intelligence artificielle, assombrit les zones susceptibles d’éblouir le conducteur. Le Bosch Virtual Visor fonctionne avec une caméra d’habitacle qui pointe sur le visage du conducteur lors de la conduite. Des algorithmes basés sur l’intelligence artificielle identifient les parties du visage tels que les yeux, le nez et la bouche, mais aussi l’ombre projetée par le soleil sur le visage du conducteur. Les algorithmes de la caméra analysent en permanence la direction du regard du conducteur et s’emploient à assombrir certaines zones de l’écran pare-soleil, pour offrir au conducteur une protection solaire au niveau des yeux seulement. Depuis l’idée jusqu’au prototype, en passant par la phase de conception et de test, le Bosch Virtual Visor est le résultat d’un esprit d’innovation, entretenu et favorisé depuis toujours chez Bosch. Nous reviendrons plus tard dans le cadre d’un nouvel article sur les organisations qui facilitent ce genre de réalisation au sein des entreprises. Il serait fastidieux pour nous de poursuivre en tentant de vous résumer en un article le nombre incalculable de nouveautés, alors pour ceux qui souhaiteraient découvrir plus en profondeur ces innovations présentes cette année sur l’ensemble des secteurs du CES, nous vous recommandons de parcourir le post très complet publié par Olivier Ezratty en suivant le lien suivant : https://www.oezratty.net/wordpress/2020/premiers-retours-du-ces-2020/ Et venons-en maintenant à la question qui vous brûle les lèvres : Participer au CES a-t-il réellement un intérêt pour une start-up ? La réponse est «Oui » mais pas à n’importe quel prix. Le CES est effectivement un bon moyen de mettre des paillettes dans la vie d’une start-up, mais attention de ne pas y investir trop d’espoir ni de moyens sans une bonne préparation. En effet, au royaume du poker, les médias d’outre Atlantique se tournent plus volontiers vers les grands groupes qui abattent leurs cartes avec des budgets communication illimités au détriment bien souvent de l’ingéniosité de certaines innovations. Gardez bien à l’esprit que vos prospects tourneront les talons illico si votre communication n’est pas assez percutante. D’ailleurs, les médias français se sont quant à eux un peu détournés de ce trop grand battage médiatique enseveli sans doute par l’avalanche des communiqués de presse vantant des innovations toujours plus révolutionnaires les unes que les autres. Bref, c’est dans ce contexte que, depuis 2 ans, on assiste à un recul de la présence de la start-up nation française. En effet le nombre de start-up tricolores est passé de 420 en 2019 à 300 cette année. Une bonne nouvelle, c’est un signe de maturité, bénéfique pour ceux qui y exposent car ils améliorent finalement de façon mathématique la visibilité de leurs produits. D’ailleurs, quand une start-up y participe avec un collectif comme Le village by CA (cette année 15 start-up du réseau ont été sélectionnées pour y exposer) sa visibilité est renforcée. Alors pour ceux qui ont la capacité de se développer à l’international avec un produit mature, voici une liste non exhaustive de recommandations pour que le CES soit signe de Business : – Remplir 2 conditions : maturité produit et objectifs précis ! – Se décider et se préparer longtemps à l’avance (12 mois) ; – Bien évaluer le budget : le coût est non négligeable. Comptez aux environs de 20 000 € (avion+stand+hôtel …) ; – Maîtriser l’art du pitch en anglais et adapter vos supports de communication aux codes locaux ; – Identifier bien en amont et inviter vos prospects à vous rencontrer sur le salon ; – Anticiper le transport de vos modèles d’exposition (attention aux délais de douanes importants aux États-Unis) ; – Prévoir 3 personnes sur le stand sous peine de ne même pas avoir le temps de vous rendre aux toilettes ; – Arriver 2 à 3 jours à l’avance pour préparer votre stand et digérer le jet lag (9h de décalage…) ; – Garder en tête que des magasins comme BEST BUY vous permettent d’acheter tout l’équipement nécessaire d’un stand (TV HD, vidéoprojecteur, fauteuils, etc…) et vous les rachète 80% de la valeur d’achat à la fin du salon. Bien moins onéreux que les locations proposées par le CES ! – Prévoir quelques jours sur place après le salon, sans doute le meilleur moyen de chouchouter un prospect ou un éventuel investisseur en lui rendant directement visite ou prendre le temps d’explorer la région qui vaut vraiment le détour. En conclusion, au-delà de la tentation que représente un stand sur le fameux Eureka Park pour un start-uppeur, son produit aura malheureusement plus de chance d’être scanné sous toutes ses coutures par la concurrence asiatique plutôt que de décrocher le jackpot d’un contrat phare avec un géant de l’industrie mondiale… Il conviendra donc de privilégier une participation avec un produit mature, commercialisable et breveté pour ne pas risquer les affres d’une concurrence brutale. Ne pas perdre de vue également qu’une participation à ce salon représente un investissement conséquent même si les aides des régions soulagent généralement une partie du budget et qu’il convient de bien se préparer pour parvenir à se démarquer face aux nombreuses nouveautés. Il faut tout de même reconnaitre que le CES est une expérience unique. Alors même si le retour sur investissement n’est pas immédiat, ce salon vous apportera une dimension et une visibilité internationales, dont la valeur est difficilement mesurable. A vous de jouer ! Arnaud Le Maout – Consultant Innovation Le Village by CA Finistère Pour réagir à cet article : arnaud.lemaout@levillagebyca.com |
CES Las Vegas, toujours aussi tendance ?
