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Agriculture : les enjeux de demain

La crise sanitaire que nous vivons a remis l’agriculture sur le devant de la scène, positionnant cette activité stratégique et les acteurs qui la composent en « seconde ligne », juste derrière les soignants. On aurait tendance à l’oublier, mais ce poids lourd de l’économie française est, depuis des décennies, un leader européen et un important contributeur de l’excédent commercial français. C’est aussi un secteur qui doit faire face à de multiples défis et qui se trouve confronté à des équations complexes, balancé entre productivité, environnement, attentes sociétales, volatilité des marchés, …

Champion d’Europe

Près de la moitié du territoire français est couvert de surfaces agricoles exploitées, permettant d’assurer une production nationale excédentaire. Cette utilisation des terres, au sens noble du terme, contribue aussi à l’entretien des campagnes, apportant une diversité paysagère qui renforce l’attractivité touristique de notre pays.

D’un point de vue économique, l’agriculture française peut faire valoir de nombreux atouts. Elle réalise presque 17 % de la production agricole européenne en valeur, ce qui la place assez largement au premier rang devant l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Elle génère aussi plus de 6 milliards d’€ d’excédent commercial, 3èmesecteur d’activité derrière l’aéronautique-spatial et la chimie, et occupe 4,5 % des parts de marché agricoles au niveau mondial. 

 

Source : Eurostat

Nourrir les hommes

S’il s’agit d’un secteur économique dynamique, le rôle premier de l’agriculture reste bien de nourrir une population en croissance constante. Car il faut bien l’admettre, combien d’entre nous seraient encore aujourd’hui en capacité de produire sa propre alimentation, de qualité et diversifiée, en quantité suffisante ?

Ce défi nourricier s’annonce à l’avenir de plus en plus prégnant, car avec une projection d’évolution de la population à 10 milliards d’êtres humains en 2050, il faudrait être en mesure d’augmenter la production alimentaire de 56 % par rapport à 2010 (1). À productivité égale, cela signifie cultiver l’équivalent de 600 millions d’hectares supplémentaires en 2050, soit 20 fois la surface agricole française actuelle. Difficilement envisageable quand on voit les effets qu’engendre la conquête de nouvelles zones cultivables dans certaines régions du monde. La productivité sera donc encore un enjeu essentiel de l’agriculture de demain, auquel il faut adosser également les enjeux environnementaux, sociétaux et économiques. Et pour y répondre, l’innovation à une vraie place à prendre.

Productivité et innovation

Il va donc falloir, à l’avenir, faire plus avec autant, voire moins. C’est un premier défi auquel l’agriculture est habituée. Pour mémoire, rappelons qu’en France, la surface agricole dédiée à l’agriculture a chuté de 17 % depuis 1961 alors que la production s’est accrue, ou que le nombre de vaches laitières a diminué de moitié depuis 1984 alors que le volume de lait produit est resté stable.

Le secteur est donc dans une recherche permanente d’optimisation des surfaces cultivables, des intrants, de la main d’œuvre disponible afin de trouver de nouveaux équilibres. Dans cette optique, l’innovation a un rôle majeur à jouer. D’un côté grâce à la recherche fondamentale agricole qui avance toujours sur les sujets d’amélioration des races ou de sélection variétale. De l’autre côté, on assiste depuis quelques années à l’émergence d’innovations technologiques liées notamment au développement des capteurs, à la miniaturisation des composants électroniques ou encore au volume croissant des données générées et collectées.

Conscients de l’obligation productive portée par le secteur agricole, les investisseurs font preuve d’un intérêt grandissant concernant l’AgTech. Pour preuve, au niveau mondial, les fonds de capital-risque ont investi sur ce segment de marché à hauteur de 2,8 mds de US $ sur l’année 2019, soit un plus haut historique. L’Europe, quant à elle, a doublé ses investissements dans l’AgTech en 2019 par rapport à l’année précédente pour se situer à 1,2 milliards US $. Quant au secteur des intrants agricoles, avec 887 Millions de dollars investis, il s’agit d’un des sous-segments privilégié par les investissements dans les technologies agricoles.

Parmi les exemples d’innovations technologiques, on peut citer :

  • Sur les végétaux : le développement des capteurs in situ ou embarqués sur les machines-outils, des analyses de photos, de vidéos, d’images satellites couplés à de l’intelligence artificielle qui permettent de détecter des opportunités de récoltes, des menaces liées à une maladie, un ravageur ou un phénomène météo.
  • Sur les animaux : des capteurs (robot de traite, bâtiment) ou embarqués sur les animaux (colliers, podomètres, boucles RFID) pour un meilleur suivi du comportement, la détection d’anomalies, l’optimisation des paramètres de reproduction. Tout ceci a pour but d’améliorer les paramètres d’élevage : baisse de la mortalité, amélioration des périodes productives, …

Climat, énergie et ressource en eau

Second défi, l’environnement ! L’agriculture, souvent pointée du doigt sur la question des émissions de gaz à effet de serre, se classe au 3èmerang des contributeurs après le transport et le résidentiel. Face à ce constat, elle se met en marche pour réduire ses émissions, et même les compenser en partie par le stockage du carbone. Plusieurs actions sont possibles et là encore les innovations, qu’elles soient technologiques ou issues du bon sens pratique, peuvent apporter des réponses concrètes.

Comment réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) ?
  • Par l’optimisation de la fertilisation azotée. Les avancées technologiques permettent de faire le lien entre les besoins attendus par le sol et les apports. Les outils d’aide à la décision croisant les données d’analyse, d’historique de rendement couplés à l’exploitation des images satellites se développent grâce à l’exploitation du big data.
  • Par le stockage de carbone avec les prairies, les couverts végétaux, l’implantation de haies. L’agriculture a un rôle essentiel de « puits de carbone ».
  • Par la production d’énergies renouvelables. L’Ademe estime aujourd’hui la part de l’agriculture dans la production des énergies renouvelables en France à plus de 20 % et pourrait atteindre 30 % en 2050. Elle produit de l’énergie, du gaz, de l’électricité, de la chaleur grâce à ses installations photovoltaïques, éoliennes et de méthanisation. Elle exploite également son bois énergie provenant de l’entretien des haies et produit du biocarburant avec la culture de plantes énergétiques.
  • Par la recherche d’une autonomie protéique plus importante en alimentation animale. Les acteurs accentuent le développement de cultures et de fourrages plus riches en protéines pour limiter l’empreinte carbone liée à l’importation de soja.
Comment réaliser des économies d’énergie ?
  • Par l’utilisation de matériels moins gourmands en énergie ou par la mise en place d’itinéraires techniques modifiés.
  • Par une optimisation du bâtiment et de ses composantes. L’expérience de Calopor, start-up accompagnée par Le Village By CA Finistère, le démontre au quotidien en permettant de valoriser une grande partie de déperdition des bâtiments d’élevage et de produire ainsi un chauffage très peu énergivore. Autre exemple, la société Tell Elevage, alumni du Village, permet aussi par les audits qu’elle réalise d’identifier les points faibles et les leviers à activer pour notamment réduire sa facture énergétique.
Comment optimiser les ressources en eau ?
  • Par la juste couverture des besoins des végétaux. Ce sont des procédés qui utilisent des capteurs hygrométriques placés au niveau des cultures, et qui, couplés avec des données météorologiques, permettent d’apporter la couverture en eau nécessaire en fonction du stade de développement de la plante. La start-up Weenat, accélérée par le réseau des Villages by CA, propose ainsi des outils d’aide à la décision (OAD) utilisant des données de stations météo connectées, de tensiomètres pour le pilotage de l’irrigation. Autre exemple, la start-up néerlandaise Sensoterra, spécialiste de la smart irrigation promet ainsi grâce à ses IoT, d’augmenter les rendements de 30 % tout en diminuant les volumes d’eau nécessaires à l’irrigation de 60 %.

De nouvelles attentes

Les consommateurs demandent aussi à l’agriculture de s’adapter à leurs nouvelles attentes. En matière de bien-être animal par exemple, le classement « Business Benchmark on Farm Animal Welfare” fait ressortir que 60 % des plus grandes entreprises de l’agroalimentaire disposent désormais de politiques dédiées au bien-être des animaux d’élevage. Un sujet pris en compte dans les exploitations avec une mise en évidence des pratiques d’élevage dans des chartes de qualité, mesurées objectivement par des collectes de données tout au long de la chaîne de production.

Il faut aussi trouver des façons de faire répondant aux nouvelles allégations « sans » (antibiotiques, OGM) ou aux productions alternatives (plein-air), des segments de marché en forte croissance et auxquels les pratiques s’adaptent, mais qui doivent être rémunérés au regard des efforts consentis.

On peut également citer le développement de la traçabilité augmentée, de la fourche à la fourchette, qui permet de reconnecter le producteur au consommateur. Connecting food, start-up française, utilise la technologie « blockchain » à cet effet en agrégeant des données permettant de reconstituer l’histoire d’un produit (cas d’usage sur le jambon, le lait, le foie gras, le saumon, la farine, le miel,…).

S’adapter aux marchés

En parallèle de tous ces enjeux, l’agriculture est aussi confrontée à un véritable défi économique, car elle doit permettre à ses acteurs de vivre correctement de leur métier, en s’adaptant aux différents marchés qu’elle adresse. Globalement sur la ferme France, le revenu brut agricole se décompose selon 4 grandes composantes, comme l’indique le graphique ci-dessous.

L’équilibre est encore une fois ténu, et dans des proportions qui peuvent varier très fortement selon les filières car il faut tout à la fois :

  • Satisfaire les marchés à l’export en restant compétitif ou en se différenciant sur des productions de niche, liées à des terroirs. La France a perdu 2 points de part de marché agricole au niveau mondial en 10 ans, passant de 6,5 % à 4,5 %.
  • Garder sa place sur le marché intérieur en conservant une agriculture plurielle capable de couvrir toutes les gammes. Pour exemple, sur la Restauration Hors Foyer, entre 60 et 80 % de la viande avicole et 75 % de la viande bovine sont importés, principalement pour des soucis de coûts. Dans le même temps la consommation de produits biologiques connaît des croissances à deux chiffres depuis plusieurs années.
  • Bénéficier d’un soutien fort de la politique agricole européenne, permettant d’assurer une part importante de notre souveraineté alimentaire.
  • Trouver des voies possibles de diversification (énergétique notamment).

Vers un new deal « post crise » ?

Face à tous ces enjeux, la crise sanitaire que nous vivons aura certainement pour effet de rebattre quelques cartes. Sans nul doute, le monde agricole sera de la partie, dès lors qu’on évoque les questions de démondialisation, de souveraineté alimentaire. Le changement de paradigme est important, bien loin de ce nous pouvions encore imaginer en ce début d’année 2020. Alors est-ce le début d’une nouvelle impulsion politique et économique d’ampleur pour l’agriculture ?

 

(1) selon un rapport publié en 2019 par le WRI (World Ressources Institute), en collaboration avec le CIRAD, la Banque Mondiale, le PNUE, le PNUD et l’INRA.

Emmanuel ETESSE  – Consultant Innovation Agri-Agro Le Village by CA Finistère

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