Maison intelligente, domotique, smart automation… Pour les non-initiés, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver ! Qu’est-ce qui différencie ces technologies ? Comment améliorent-elles le quotidien de leurs utilisateurs ? Pour vous aider à y voir plus clair, nous avons interrogé les acteurs de la maison de demain.
Une maison connectée, c’est une maison équipée d’objets (thermostat, caméra de surveillance, alarme, etc) connectés individuellement à un réseau. Lorsque ces objets peuvent être pilotés un à un, à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette par exemple, on parle de maison connectée. Si ces objets sont pilotés grâce à un contrôle centralisé, il s’agit d’un système plus ancien, dit domotique. L’exemple le plus connu, c’est celui des volets de la maison qui peuvent être fermés en un seul geste à l’aide d’un boîtier.
Qu’est-ce qui différencie la maison connectée de la maison intelligente ? Si elles sont toutes deux équipées d’objets connectés, la deuxième comporte une notion d’anticipation. « C’est le cas d’Onsen, que nous avons présenté au CES de Las Vegas cette année », explique Guillaume Etorre, directeur général Smart Home de l’entreprise française Delta Dore. « Il anticipe, par un système d’intelligence artificielle, les besoins en eau chaude de la famille. On chauffe ainsi la bonne quantité d’eau au bon moment », détaille le spécialiste des solutions de Smart Home, qui précise : « On est vraiment au tout début des usages de la maison connectée ».
Le besoin de confort des habitants
La maison connectée a un objectif : faciliter le quotidien de ses occupants. Mais éteindre les lumières avec son téléphone, est-ce vraiment se simplifier la vie ? Jusqu’où faut-il aller ? Pour Guillaume Etorre, les objets connectés ne peuvent pas se limiter à des objets d’actions simplifiées. Ils doivent avant tout apporter du confort aux habitants et notamment du confort thermique, qui est « le premier poste de dépense énergétique des Français pour leur logement ».Un point de vue partagé par Geoffrey Le Bris, porteur de projet chez le constructeur français Trecobat, qui se méfie des équipements gadget. « Jouer avec ses volets à distance, ce n’est pas suffisant », assène-t-il. Pour penser la maison connectée du point de vue des occupants, Trecobat a développé l’application Nestor, qui les accompagne de la conception à la livraison de leur maison. Conceptualisée dès 2014 par le Groupe Trecobat, l’application mobile Nestor, Ma Maison et Moi répond aux enjeux de la transition numérique dans le secteur du BTP. Elle a révolutionné la manière de concevoir, de construire et de vivre dans une maison individuelle :
– en fédérant tous les partenaires de la construction individuelle autour d’un outil unique et en s’ouvrant aux nouvelles fonctionnalités des start-up numériques ;
– en simplifiant le parcours de construction pour l’acquéreur (visite virtuelle, suivi du chantier en temps réel…)
– en anticipant les nouveaux usages de la maison dite connectée : entretien automatisé des équipements, gestion de la domotique, intégration des assistants personnels virtuels, multiplication des objets connectés en lien avec l’arrivée de la 5G.
Rendre un « service utile »
Lorsque l’on demande aux français « quels sont les services les plus importants que vous attendez d’un logement connecté ? », la sécurité est la réponse la plus citée. Rien d’étonnant, souligne Stéphane Maureau, associé de NexHome, en se référant à la fameuse pyramide des besoins de Maslow : “La sécurité, est un besoin fondamental. Le bien être chez soi n’est possible que quand l’on a évacué tout sentiment d’insécurité”. NexHome n’a pas voulu se limiter à une solution d’auto-surveillance, comme cela est possible avec de nombreux objets connectés de type IoT grand public. Pour réaliser un service réellement performant, et respectant la vie privée, NexHome a obtenu les agréments et autorisations nécessaires pour proposer une télésurveillance du logement : en cas de cambriolage ou d’incendie, les agents de NexHome sont alertés et peuvent appeler directement les forces de l’ordre ou les pompiers sur un numéro réservé.
C’est également pour rendre des services utiles que Delta Dore et Trecobat, partenaires depuis 2016, souhaitent se positionner progressivement afin de travailler sur l’agrégation des données : des données qui proviennent à la fois d’Internet et du logement. « On peut les faire communiquer entre elles pour apporter de nouveaux usages », s’enthousiasme Guillaume Etorre. Le directeur prédit une automatisation qui devrait aller beaucoup plus loin que celle que nous connaissons aujourd’hui, avec la possibilité de mettre en place des scénarios complexes. « Pour moi, c’est vers cela qu’on tend demain, résume Geoffrey Le Bris. Une maison qui s’adapte au mode de vie des usagers ».
Vers des systèmes plus ouverts
Les objets connectés devraient donc croître de manière exponentielle dans nos intérieurs. Mais comment s’assurer que la lampe connectée sera bien compatible avec le détecteur de fumée et le chauffe-eau intelligent ? Pour s’en assurer, Delta Dore a développé son protocole propriétaire X3D, compatible avec les appareils de 120 équipementiers de la maison. Le constructeur tient absolument à ce qu’il soit ouvert à ses partenaires. Mais il va plus loin avec un agrégateur qui permet d’ajouter les appareils de nombreux fournisseurs en Zigbee(1) ou à travers sa plateforme Cloud. Chez Trecobat, c’est Nestor qui prend en charge l’ensemble des objets connectés de la maison. « Les différents langages communiquent sur notre application », détaille Geoffrey Le Bris. Dans le même esprit, NexHome utilise une solution interopérable avec les autres offres de Smart Home. Ainsi l’activation de l’alarme peut aussi entrainer l’extinction des lumières ou la baisse des volets » précise Stéphane Maureau.
Autre question de taille : celle de la pérennité de l’installation dans des habitations qui sont vouées à durer des décennies, alors que les français changent de téléphone – et donc d’interface – en moyenne tous les un à deux ans. Les systèmes d’exploitation étant mis à jour très régulièrement, les applications deviennent vite obsolètes. D’où l’intérêt de garder la main dessus. Nestor est ainsi développé en interne par Trecobat : « cela nous permet d’avoir beaucoup de souplesse et d’être très réactifs sur l’amélioration produit », explique son chargé de projet. Côté équipements, ce sont les pannes qui peuvent poser problème. Pour éviter le remplacement d’équipements parfois complexes à installer, Delta Dore se dit particulièrement « attentif à la pérennité de l’investissement ». Pour preuve, les produits sont garantis 5 ans et le SAV est assuré 10 ans après l’arrêt de la commercialisation. De quoi voir venir !
Des freins qui attendent d’être levés
Si la demande d’objets connectés est bien présente du côté des consommateurs, quelques freins restent à lever. La première difficulté en ce qui concerne les alarmes et les services de télésurveillance, selon Stéphane Maureau, c’est le prix, suivi de près par la peur de l’engagement : « Les consommateurs ne veulent plus de contrats dans la durée ». Pour répondre à cette demande, NexHome innove en proposant des forfaits de télésurveillance à la carte, sans effet sur la qualité de service grâce à un ingénieux système de partenariat. C’est le constructeur qui achète l’alarme et qui équipe la maison, faisant de son acquéreur un client potentiel pour NexHome.
Les Français sont également très vigilants au respect de leur vie privée. Sur ce point, le patron de Delta Dore se veut rassurant : « Les données des clients leur appartiennent ». Cette inquiétude est particulièrement présente s’agissant des caméras de surveillance installées à domicile. « Nous avons choisi de réaliser notre plateforme de caméras avec Orange, qui est un acteur reconnu dans la sécurité des systèmes d’information », précise Guillaume Etorre. Même discours chez NexHome qui rappelle que l’entreprise est agréé par l’Etat :« contrairement à la petite caméra que vous allez acheter chez Amazon, notre système n’est pas hackable par le premier venu ».
L’objectif pour les acteurs de la Smart Home, c’est avant tout de créer une relation de confiance avec leurs utilisateurs. Car les Français ont tendance à rechigner lorsqu’ils doivent partager leurs données personnelles. Et sans partage de données, la maison intelligente ne peut pas s’adapter à leurs besoins et à leurs habitudes. Or, les possibilités offertes sont infinies. « La plus grande limite, c’est l’imagination », conclue Guillaume Etorre.
Des volets roulants robotisés aux appareils connectés qui interagissent et s’adaptent au mode de vie des usagers, en quelques années seulement, la maison connectée a fait un pas de géant. Qualité de l’air, confort thermique, économie d’énergie, système anti-intrusion connecté, des évolutions au service d’un logement toujours plus performant. Malgré ces innovations notables, nous n’en sommes cependant qu’aux prémices de la maison de demain. Une maison qui sera sûre, plus servicielle et résolument intelligente.
(1) ZigBee est un protocole de haut niveau permettant la communication de petites radios, à consommation réduite, basée sur la norme IEEE 802.15.4 pour les réseaux à dimension personnelle (Wireless Personal Area Networks : WPANs). Source domotique-info.fr
Arnaud Le Maout – Consultant Innovation Le Village by CA Finistère
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