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Longtemps épargnés du fait de leur absence de systèmes connectés, les industries du secteur agroalimentaire et le secteur naval partagent aujourd’hui une préoccupation commune : l’augmentation des risques de cyberattaques engendrées par la numérisation progressive de leurs activités. En juillet 2019, les autorités américaines lancent l’alerte : les navires qui transitent par le Golfe Persique signalent un nombre grandissants de tentatives de brouillage du signal GPS visant à les détourner de leur route. Quelques semaines plus tôt, les usines vendéennes du groupe Fleury Michon sont mises à l’arrêt pendant près de quatre jours suite à l’infection des systèmes par un virus informatique. Ces deux anecdotes n’ont a priori rien à voir l’une avec l’autre. Elles illustrent pourtant une réalité : aucun secteur d’activité n’est épargné par les risques de cyberattaque. Le CESIN (Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique) estime ainsi dans l’édition 2019 de son baromètre annuel que 8 entreprises sur 10 subissent aujourd’hui l’impact de cyberattaques, un résultat en hausse de 10 points sur un an. Les menaces exploitent des leviers à la fois techniques et humains, qui vont du ransomware à l’usurpation d’identité. Et si certaines campagnes sont ciblées, la plupart des attaques ratissent large à la recherche de la moindre vulnérabilité. Industries agroalimentaire et secteur naval concernés au premier chef Sur ce terrain, les secteurs qui numérisent progressivement leurs activités se retrouvent tout particulièrement exposés. « Avec un système neuf, les problématiques de cybersécurité sont généralement prises en compte dès la conception. Le risque vient surtout des systèmes plus anciens qui sont mis à jour au fil de l’eau. En ajoutant des fonctionnalités et de la connectivité, on crée des vulnérabilités potentielles», explique Vincent Verbeque, Direction Technique chez Thales. En cybersécurité, on parle de surface d’attaque. Le terme désigne l’ensemble des points faibles par lequel un pirate pourrait chercher à s’introduire dans un système : plus il fonctionne en réseau et plus la surface d’attaque augmente. La problématique concerne donc au premier chef des secteurs comme l’agroalimentaire et le secteur naval, où l’on connecte des systèmes historiquement cloisonnés du reste du monde. Alors comment répondre à ses enjeux de productivité ou de compétitivité sans compromettre la sécurité de ses installations ? La réponse passe bien sûr par la mise en place de solutions techniques, mais pas seulement. « À bord d’un bateau qui subit une attaque, vous ne pouvez pas appeler une équipe d’intervention. Il faut donc que les équipes à bord soient capables de détecter d’éventuelles attaques et de mettre en place les mesures nécessaires pour en réduire les conséquences», illustre Vincent Verbeque. Maîtriser le patrimoine informationnel La sensibilisation et la formation jouent dans ce contexte un rôle crucial, mais elles ne dispensent pas les acteurs concernés d’une réflexion à plus long terme. « Il faut bien sûr commencer par expliquer les menaces et les comportements dangereux à l’ensemble des collaborateurs, mais l’entreprise doit aussi adapter son organisation pour apprendre à prévenir les menaces et réagir de façon efficace en cas d’incident. Elle a par exemple intérêt à encourager les synergies entre les spécialistes de la production industrielle et les professionnels de l’IT », conseille Denis Saout, responsable sécurité des systèmes d’information chez Triskalia. La réflexion dépasse d’ailleurs le simple champ de la cybersécurité. « L’enjeu consiste à maîtriser son patrimoine informationnel, c’est-à-dire connaître l’ensemble des informations dont on dispose et savoir précisément avec qui elles sont partagées», ajoute Denis Saout. Un appel à projets pour la recherche de solutions innovantes Pour soutenir cette démarche à long terme, les secteurs concernés par la transformation numérique n’hésitent pas à se tourner vers les acteurs de l’innovation, startups en tête. « Il faut imaginer de nouvelles façons d’anticiper l’exploitation de failles qui n’ont pas encore été spécifiées, tout en gardant en tête qu’une solution efficace dans un environnement terrestre ne l’est pas forcément avec les contraintes du monde maritime», indique Vincent Verbeque. « L’innovation n’est pas que technologique, elle passe aussi par l’accompagnement ou la mise en place de solutions », rappelle de son côté Denis Saout. Thales et Triskalia figurent à ce titre au rang des commanditaires de l’appel à projets «The Cyber Shield Quest» organisé par Le Village by CA Finistère pour accélérer le développement de solutions de cybersécurité appliquées au secteur naval ou à l’industrie agroalimentaire. Ouvert à tous – chercheurs, étudiants ou jeunes entreprises innovantes – il offre aux lauréats l’opportunité de bénéficier d’un accompagnement humain et financier dans la réalisation de leur projet. |
Crédit photo : Unsplash / @korji123