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L’Economie maritime : utilisatrice timide mais créatrice future des prochaines innovations de rupture ?

Depuis la nuit des temps, la mer fait vivre les Hommes. Les grandes puissances d’antan ont d’abord été des puissances maritimes. Techniques de navigation, pêche, construction navale… l’horizon marin a toujours stimulé l’innovation. Aujourd’hui encore, le monde de la mer présente de nouveaux défis à relever. De nombreuses startups, la communauté scientifique et les collectivités unissent leurs forces pour préserver la biodiversité marine tout en stimulant l’économie maritime. « Les biotechnologies, les énergies marines renouvelables, la propulsion non polluante des navires ou encore le recyclage du matériel et des bâtiments marins en fin de vie sont des axes majeurs de travail », estime Bruno Gruselle, Directeur adjoint de l’ENSTA Bretagne.

Face à ces nouveaux enjeux, la France, et plus particulièrement le Finistère ont une ambition claire : devenir un modèle d’innovation et de réussite à l’échelle mondiale. Mais qui sont les acteurs de l’économie maritime française, et disposent-ils des moyens d’atteindre leurs ambitions ? 

Panorama de l’économie maritime française

La France dispose d’un atout majeur : un territoire marin d’une surface de 11 millions de kilomètres carrés, 2e espace maritime mondial. En 2017, la France comptait ainsi 820 000 emplois liés à l’économie maritime (dans l’Hexagone et ses territoires d’outre-mer), représentant 14% du PIB national.

La Bretagne joue bien sûr un rôle majeur dans l’économie maritime française. Elle compte à elle seule 74 500 emplois, dont 11 000 sont localisés dans le bassin de vie de Brest. Ce dernier excelle dans les domaines de la pêche, du transport de fret et surtout de la construction et la réparation navale. Le monde de la mer, l’économie française et le Finistère sont donc étroitement liés.

À l’échelle mondiale, le secteur maritime représente aujourd’hui 1.500 milliard de dollars dans l’économie mondiale et atteindra les 3.000 milliards de dollars en 2030. Pour le Cluster Maritime Français, un objectif de doublement de l’économie maritime doit donc être tenu au niveau national. Pour atteindre cet objectif, la France pourra compter sur un grand nombre d’acteurs dont des finistériens s’inspirant des problématiques liées au monde de la mer pour innover.

L’économie maritime à l’heure de la transformation digitale

Comme d’autres secteurs économiques majeurs, l’adoption des nouvelles technologies liées au numérique est encore en cours pour les acteurs de l’économie maritime. Néanmoins, elle permet à la fois l’émergence de nouvelles startups et de nouveaux usages ; c’est ce que décrit Clément Renault, cofondateur de Shone, une startup qui associe Intelligence Artificielle et véhicules marins : « Le secteur maritime a malheureusement pour l’instant raté le tournant de la digitalisation. En particulier, les équipements de navire sont conçus sur le modèle des équipements des années 90. Le transport maritime est la colonne vertébrale du commerce mondial et nous voulions participer à la transformation du secteur qui doit aujourd’hui se réinventer sur les aspects de pollution et de sécurité. Notre solution est un copilote qui, grâce à l’intelligence artificielle, permet aux navigants de réduire leurs risques d’accident, et de consommer moins de carburant ».

Pour Bruno Gruselle (ENSTA Bretagne), « il y a beaucoup d’enjeux en matière de numérique dans le secteur maritime. La multiplication du nombre de capteurs sur les navires ou les infrastructures maritimes décuple la quantité d’information récoltée et leur traitement est un défi étroitement lié au Big Data et à l’Intelligence Artificielle. Un autre exemple d’enjeu lié aux nouvelles technologies réside dans l’application de modèles de deep learning aux informations obtenues par les drones sous-marins pour parfaire notre connaissance et la cartographie des fonds marins ».

Là encore, le Finistère se démarque avec plusieurs startups à la pointe de la technologie sur son territoire. C’est le cas d’eOdyn qui exploite le machine learning pour établir des mesures extrêmement précises des courants marins de surface en analysant les trajectoires des navires. On peut également citer Exwexs et sa solution permettant de déterminer des événements météorologiques extrêmes sur des zones très précises en combinant observation sur site et spatiale, et en s’aidant de modèles mathématiques complexes et de supercalculateurs. Dans un tout autre domaine, Foil & Co fabrique, à l’aide d’une découpeuse numérique, des foils en carbone, des petites ailes greffées aux planches à voile qui permettent de leur donner de la vitesse.

Ainsi les innovations dans le secteur maritime grâce aux nouvelles technologies portent d’abord sur l’économie physique, les besoins « matériels ». Nous ne sommes qu’au début d’une grappe d’innovations.

Quand l’innovation maritime répond aux problématiques environnementales

Par ailleurs, les océans représentent un enjeu majeur pour l’avenir de la planète. Représentant 70% de la surface de la planète, ils constituent une ressource majeure pour l’équilibre de notre planète et indispensable à la vie sous toutes ses formes. Pourtant, 9 millions de tonnes de déchets plastiques finissent chaque année dans les océans. Face à cette urgence écologique, de nombreux acteurs innovent pour favoriser le recyclage et la dépollution des espaces marins.

Dans le bassin brestois, l’ENSTA Bretagne dispose ainsi d’un incubateur baptisé ENSTARTUPS riche en projets innovants comme l’explique son responsable Antoine Raffarin : « Parmi nos startups incubées, plusieurs travaillent dans le domaine de l’économie bleue comme Fil & Fab qui valorise les filets de pêche usagés ou Gwilen qui transforme des sédiments marins issus de dragage pour le design et l’architecture ». À Saint-Malo, la startup Algopack a conçu une alternative au plastique : une matière 100% biodégradable réalisée à partir d’algues brunes.

Autre terrain environnemental d’innovation : les énergies maritimes renouvelables (EMR). En 2018, le nucléaire représentait 71,7% de production totale d’énergie en France. Et si la transition énergique s’opérait grâce au potentiel offert par les espaces marins ? C’est le pari de la start-up Sabella, basée à Quimper. Depuis 2008, celle-ci produit des hydroliennes sous-marines, solution innovante qui permet de produire de l’électricité à partir des courants marins de manière propre. La très faible vitesse de rotation de ses pales respecte la faune et la flore sous-marine.

Le développement durable est loin d’être le seul domaine propice à l’innovation en matière d’économie maritime. L’émergence des nouvelles technologies donne également vie à de nouveaux usages dans le secteur.

Les innovations se concentrent donc aujourd’hui soit sur les besoins matériels du secteur, soit sur la protection de cette ressource clé pour l’avenir de l’humanité. Il existe néanmoins un domaine plein de mystères, dont le potentiel d’innovation reste encore à exploiter : celui de l’infiniment petit et des micro-organismes du milieu marin. Contrairement à la flore terrestre, source d’une grande partie des innovations médicamenteuses, les micro-organismes marins sont encore méconnus. Les océans abriteraient plus de 50% des espèces vivantes sur Terre.

L’étude des micro-organismes marins au cœur des biotechnologies

Dans le domaine des biotechnologies, les organismes marins ont beaucoup à nous apprendre. Laurent Meijer, directeur scientifique de la société finistérienne ManRos Therapeutics et de sa jeune filiale, Perha Pharmaceuticals, explique l’importance du milieu marin dans la compréhension de nos propres organismes : « Ce sont les œufs des oursins et des étoiles de mer qui nous ont permis à l’époque de comprendre ce que l’on sait aujourd’hui sur la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde ».

ManRos Therapeutics synthétise ainsi des molécules dans une optique de fabrication de traitement de la mucoviscidose, alors que Perha Pharmaceuticals se focalise sur la prévention des pertes auditives induites (produits ototoxiques, trauma acoustique) et les déficits cognitifs associés à la trisomie 21 et à la maladie d’Alzheimer. « L’étude des organismes marins apporte des réponses à des questions biologiques jusqu’ici non résolues. Par ailleurs, certaines molécules fabriquées par ces organismes marins peuvent être utilisées dans la conception de nouveaux traitements » complète Laurent Meijer.

Dans le domaine des biotechnologies marines, la startup Hemarina qui produit un substitut sanguin obtenu à partir d’une molécule d’hémoglobine purifiée issue d’un ver marin (l’arénicole), s’était distinguée en 2018 en recevant le prix de la startup de l’Ouest. Cette innovation avait permis pour la première fois de réaliser une deuxième greffe totale du visage sur un même patient.

Si ces startups révolutionnent le milieu médical, elles doivent cependant composer avec leur activité sur l’environnement et s’attachent donc à trouver des solutions innovantes qui répondent à la fois aux enjeux économiques, sanitaires et au respect de la biodiversité marine.

Le nombre de start-up biotechnologiques issus du monde maritime est encore faible. Les potentiels Océans représentent ainsi une source immense d’innovations à venir.  

Économie maritime : quel accompagnement pour les acteurs de l’innovation ?

Si les idées ne manquent pas, les startups de l’économie maritime sont-elles suffisamment soutenues et accompagnées ? Pour Laurent Meijer (ManRos & Perha Pharma), « il existe de nombreux dispositifs mis en place par l’État pour soutenir les startups de biotechnologies. Dans le domaine privé, beaucoup de business angels sont également prêts à apporter leur soutien. Ce qui manque un peu, ce serait l’engagement de fonds d’investissement capables d’apporter un soutien financier plus conséquent ».

Un autre frein identifié par Clément Renault (Shone) réside dans la réticence des grandes entreprises maritimes à innover : « cette industrie opère avec des marges extrêmement faibles et n’est donc pas encline à effectuer des partenariats de développement aux retombées économiques peu claires dans les phases initiales ».

En Finistère particulièrement, les institutions reconnues pour leur soutien aux porteurs de projet et la concentration d’acteurs scientifiques en font un territoire propice à la création et à l’innovation. C’est d’ailleurs pour valoriser cet écosystème que des structures comme Le Village lancent des appels à projets qui promeuvent le territoire à l’international, à l’instar du Narwhal Challenge.

Le Narwhal Challenge est un appel à projets maritimes dédié aux porteurs de projets et aux startups de l’international, pour leur permettre de découvrir pendant une semaine le tissu économique et scientifique du territoire,  propice au développement des projets maritimes innovants. En matière d’économie maritime, pas de doute : le Finistère se donne les moyens de ses ambitions.

Alors que la France bénéficie de la 2ème superficie maritime au monde, et dispose donc d’un véritable potentiel pour tirer son épingle du jeu à l’échelle mondiale, les actions de l’Etat semblent se concentrer sur la Deep Tech et la Tech For Good, avec des dispositifs French Tech renforcés. Pourtant le cycle de développement d’une molécule même maritime nécessite un temps long et une prise de risque très importante. Sans dispositif incitatif dédié, l’émergence de nouveaux principes actifs se fera rare alors que le potentiel de transformation en licorne est bien réel. Les fameuses licornes si recherchées par le gouvernement actuel… A quand une prise de conscience du potentiel très fort en France ?

Crédit photo : L’Usine Nouvelle

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