Homme 3.0, Innovation,Technologie : Quel rôle dans la transformation du monde ?

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Au cours des dernières décennies, plusieurs événements ont transformé le visage de notre monde. D’abord, une croissance démographique hors norme avec une hausse de 4,5 milliards d’habitants^[1]à l’échelle mondiale depuis 1960, et une augmentation de près de 20 ans de l’espérance de vie^[2]sur la même période (52,6 ans en 1960 contre 72,4 ans en 2017).

À cette mutation démographique s’ajoutent l’invention et l’adoption fulgurante des nouvelles technologies liées au numérique, mais aussi l’apparition de nouveaux enjeux environnementaux comme le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources fossiles, la dégradation de la biodiversité ou encore les pénuries d’eau.

Notre capacité à relever ces défis sera déterminante pour l’avenir du monde animal, végétal et humain, en somme la Planète. Alors que l’humanité augmentée ne cesse de rallonger son espérance de vie, saura-t-elle tirer profit des nouvelles technologies pour résoudre la crise environnementale actuelle ?

Homme augmenté : où s’arrêtera le prolongement de notre espérance de vie ?

Depuis toujours, la vie éternelle fascine les Hommes. Déjà dans l’Illiade d’Homère, écrite entre -850 et -750 av. J.-C., la nymphe Calypso tentait Ulysse en lui offrant l’immortalité et l’éternelle jeunesse. Et si la vie éternelle relevait davantage de la science que de la fiction ? Pour le futurologue Laurent Alexandre, le premier homme qui vivra plus de 1000 ansest déjà né. Pour Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google, l’immortalité est atteignable à brève échéance.

Si ces prévisions peuvent paraître farfelues, il est pourtant certain que les progrès technologiques permettent de nombreuses innovations dans le domaine médical, faisant de nous des humains augmentés. « Le Big Data et l’intelligence artificielle vont nous permettre de prédire les maladies et de mettre en place des traitements préventifs, les nanotechnologies vont bouleverser notre manière de pratiquer la médecine. Par exemple dans un futur proche, des nanorobots s’occuperont de nettoyer les artères de l’homme augmenté tout en se nourrissant de son cholestérol » explique ainsi le serial-entrepreneur Uwe Diegel. L’impression 3D donne également lieu à des exploits impressionnants : ainsi, une équipe de scientifiques israéliens est récemment parvenue à imprimer un cœur dans son intégralité à partir de tissus humains. Il est hautement probable qu’à terme, chaque élément du corps humain devienne remplaçable.

De nombreuses startups exploitent le potentiel des nouvelles technologies pour révolutionner le secteur de la santé. C’est par exemple le cas de Neura Link l’entreprise cofondée par Elon Musk qui développe des implants cérébraux d’interfaces neuronales directes ayant vocation de permettre aux personnes paralysées de contrôler un ordinateur. La start-up française Pixium Vision propose quant à elle un système de vision bionique pour les personnes malvoyantes. De son côté, Uwe Diegel a créé Lifeina box, un mini réfrigérateur portable qui permet aux particuliers de conserver leurs médicaments à la bonne température.

Pour l’entrepreneur, « l’enjeu n’est pas de savoir si la technologie va faire de nous des hommes augmentés et prolonger notre espérance de vie : c’est déjà le cas. Aujourd’hui, on sait avec certitude que le premier humain qui atteindra les 150 ans est déjà né. La question est : 150 ans, n’est-ce pas trop long ? Si demain nous atteignons tous l’âge de 150 ans, quelles seront les conséquences sur notre planète ? ».

Face aux enjeux environnementaux, le rôle crucial des Tech for Good

Les hommes augmentés, qui vivent de plus en plus longtemps grâce aux progrès médicaux résultants des nouvelles technologies, survivront-ils aux mutations écologiques et environnementales à venir ?

La démocratisation des nouvelles technologies n’est en effet pas sans conséquence pour la planète. Le numérique consomme 10 à 15 % de l’électricité mondiale, l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires. Et si Internet était un pays, il serait le 3e plus gros consommateur d’électricité au monde avec 1500 TWH par an, derrière la Chine et les États-Unis. Par ailleurs, le numérique représente 4% des émissions mondiales de CO2, soit 300 millions de tonnes de CO2. Ainsi, le visionnage des vidéos en ligne a généré autant de CO2 que l’Espagne en 2018. ^[3]

Pour Uwe Diegel « nous sommes encore très loin de la colonisation d’une nouvelle planète, il faut donc trouver des solutions aux problématiques environnementales actuelles, il s’agit du plus gros défi du 21^esiècle. Pour relever ce défi, il faut que les entrepreneurs passent du Tech for Money au Tech for Good, c’est-à-dire innover et utiliser les technologies pour le bien de la planète et le bien commun ».

De plus en plus d’entrepreneurs s’inscrivent effectivement dans une démarche Tech for Good. Par exemple, la startup Nebia a inventé un pommeau de douche qui atomise l’eau en millions de minuscules gouttelettes. Selon la startup, leur pommeau de douche ferait économiser 757 milliards de litres d’eau et quatre milliards de dollars par an, uniquement en Californie, si tous ses habitants se mettaient à l’utiliser.

Dans un autre domaine, la startup anglaise Pavegen conçoit des pavés connectés qui produisent de l’énergie grâce aux pas des passants dans des lieux à haute fréquentation comme les aéroports ou les centres commerciaux. Plus proche de chez nous, on peut citer Algopack et son plastique biodégradable fabriqué à partir d’algues vertes.

Il existe de nombreuses initiatives visant à soutenir les startups dévouées à la cause de l’environnement. C’est notamment le cas de la GreenTech Verte, lancée en 2016 par le gouvernement afin d’associer la révolution numérique à la transition écologique. La GreenTech verte comprend à la fois un incubateur, des appels à projets, un concours de création de startups, des hackathons et favorise le partage des données ayant trait à l’écologie.

« Une prise de conscience générale est en train de s’effectuer aux quatre coins du globe depuis quelques années. Les dix prochaines années devront marquer un tournant majeur pour que l’humanité augmentée adopte les technologies et les énergies qui permettront de rétablir un équilibre environnemental. Elle devra également résoudre les enjeux sociologiques liés à la vieillesse croissante de la population mondiale » prédit Uwe Diegel.

Car si le rallongement de l’espérance de vie mondiale est généralement perçu comme une excellente nouvelle, il pose néanmoins de nombreuses questions environnementales. Les entrepreneurs de demain et les Tech for Good auront donc la lourde tâche de concilier l’humanité augmentée et la préservation de son environnement.

Ces évolutions technologiques majeures représentent, au-delà de la prouesse technique, un flot de questionnements philosophiques et éthiques. Souhaitons-nous être témoins des années qui passent jusqu’à l’âge de 150 ans ? Toutes les « organisations actuelles du monde » arriveront-elles à mettre en place des garde-fous comme cela a pu être fait au sujet du clonage humain ? Les enjeux économiques que représentent ces évolutions technologiques ne prendront-ils pas le pas sur l’éthique et la morale ? La planète peut-elle survivre à cette course à la technologie très énergivore ? Jusqu’où les citoyens accepteront de gagner en espérance de vie mais potentiellement en perdant leur liberté ?

Le Village by CA Finistère a décidé d’aborder ce sujet ambitieux, dans un premier opus, sous le prisme de la Santé, pour laquelle la technologie est « facilement acceptable » puisque celle-ci vient aider les Êtres humains.

Si vous êtes intéressé par ce sujet, rejoignez-nous le mardi 17 décembre pour un Six2Nine exceptionnel ayant pour thème « Homme réparé ou augmenté : Quand la technologie se mêle à la biologie » en compagnie de Neil Harbisson, première personne officiellement reconnue comme cyborg en 2004, Jean Chaoui, fondateur d’Imascap et Célia Loriette, actuellement en 3e année de thèse sur le sujet des interfaces cerveau/machine, à l’Institut des Sciences Cognitives de Lyon. Inscrivez-vous sans tardez !

À propos d’Uwe Diegel : Pianiste de formation, le néo-zélandais Uwe Diegel se reconvertit dans le secteur médical où il s’intéresse particulièrement aux apports des nouvelles technologies. Il se spécialise sur le sujet de la santé connectée et créé plusieurs entreprises dont iHealth qui propose une série d’objets connectés (tensiomètres bluetooth, balances intelligentes, trackers d’activité…) et Lifeina, le plus petit frigo transportable au monde qui permet aux particuliers de conserver leurs médicaments à la bonne température.