Dans le cadre du parcours French Tech Tremplin, Umòja est une start-up accompagnée par le Village by CA Finistère depuis janvier 2021. Fondée par deux brestois, Lancine Koulibaly et Dieuveil Ngoubou, Umòja propose des paires de sneakers 100% végétales, nommée MMEA, avec une traçabilité totalement transparente. La marque a alors lancé du 28 mars au 12 mai une campagne de crowdfunding pour financer les premières productions de MMEA, où ils ont atteint les 1000% de réussite. Afin de suivre cette nouvelle start-up prometteuse, nous partons à la rencontre de Marion Clément, styliste et directrice de création de Umòja, pour connaitre ses inspirations et le processus de design des prochaines sneakers à venir.
Marion Clément est arrivée il y a un an chez Umòja en tant que styliste et directrice de création. Son métier est donc de dessiner, créer la chaussure et la suivre tout au long du cycle de production dès le prototype. Elle travaille également sur l’identité de la marque : que l’histoire de Umòja soit cohérente avec le produit.
D’où vient l’idée de MMEA ?
Le sourcing a commencé environ une année avant l’arrivée de Marion, notamment pour trouver les ingrédients qui permettent aujourd’hui de dresser la chaussure. La notion de design a donc été débutée à l’arrivée de Marion par une phase de veille avec Dieuveil Ngoubou et Mathieu Risacher, qui s’occupe des matériaux et de l’innovation chez Umòja.
Par la suite, Marion se charge du dessin des modèles, qu’ils envoient à l’usine située au Portugal, sous forme de dossier technique. L’usine sort ensuite le premier prototype à valider, ou non, par la marque, qu’ils renvoient en prototypage si besoin. Il y a eu 4 renvois en prototypage pour MMEA. Une fois le prototype validé, ce sont des échantillons commerciaux qui sont alors réalisés : des paires qui seront utilisées pour le shooting, la presse et les salons. Après les salons et les différentes commandes de boutiques, une production sera alors lancée pour une vente en boutique et sur le site.
Y-a-t-il des contraintes vis-à-vis de la matière totalement végétale ?
La matière 100% végétale est en effet plus difficile à travailler. Ce n’est pas comme le cuir que l’on peut couper sans effilochage par exemple. Il faut donc trouver des moyens pour que les finitions soient de qualité. Pour certaines pièces, le travail peut être un peu plus compliqué que d’autres. Il faut faire des choix alternatifs et ça ne fonctionne pas toujours. Par exemple : la finition du lacet est toujours faite de plastique ou de métal. Il fallait donc trouver une solution, qui n’a pas été évidente. La solution initiale était de fait un noeud, mais ça ne convenait pas à l’équipe. Mais la solution a été trouvée récemment, pendant la campagne de financement.
Une autre difficulté a été de trouver le bon partenaire de production. Marion a du prendre contact avec plusieurs usines pour trouver la bonne, au Portugal.
“Je ne vois pas le fait de travailler avec du 100% végétal comme une contrainte mais plutôt comme un moyen de faire place à la créativité”. Marion Clément
Quelles sont les inspirations de sneakers de Umòja ?
Dans son métier de styliste, Marion a une approche tactile et sensorielle. Les matières brutes l’inspire de par leur texture et leur couleur.
Les teintures sont végétales, réalisées à base de plantes et d’écorces au Burkina Faso. La palette n’est pas vraiment limitée, si ce n’est que celle-ci reste dans des tonalités proches de la nature. On obtient de belles nuances patinées.
Mmea est inspirée des formes de sneakers des années 90, un brin rétro tout en restant très contemporaine. Son design est un mélange d’influences entre la culture sneakers vintage, le trekking et une approche plus épurée.
Concernant les prochaines collections, l’ADN reste le même. L’inspiration provient à la fois du monde végétal, de ces paysages, couplée à l’univers de l’artisanat et de l’art en général. Umoja continue de créer des ponts entre le Burkina, où a démarré son histoire, la France où sont la majorité de nos partenaires et le Portugal notre fabricant.
Les prochaines sneakers auront “la même recette” : le coton biologique est l’essence même de la marque. Le chanvre, le lait d’hévéa et le lin sont essentiels. Les lacets en lin pourront éventuellement passer en coton biologique mais le lin sera tout de même toujours présent sous la forme de fil de couture.
Qu’est ce qui diffère Umòja des autres marques industrielles ?
Umòja est totalement transparent et honnête. Les difficultés rencontrées pour faire du 100% végétal sont clairement exposées. Certaines marques sont de bonne volonté et trouve des alternatives mais doivent davantage communiquer sur le fait qu’elles ne sont pas 100% végétale comme peut l’être Umòja.
Un projet de voyage au Burkina Faso ?
Marion prévoit de partir au Burkina Faso en octobre rejoindre Dieuveil Ngoubou, sur place 6-8 mois de l’année. Elle y découvrira l’atelier de tissage et de teinture avec lequel Umoja travaille depuis ses débuts. C’est un réel besoin pour elle de pouvoir travailler au contact des artisans. De plus, c’est une réelle opportunité d’avoir de nouvelles idées naissantes en se déplaçant là-bas.
Et maintenant … Quelle suite pour les prochains mois ?
Toute l’équipe du Village by CA Finistère remercie Marion Clément de nous avoir accordé du temps pour répondre à nos questions.