C’est autour d’un panel d’entreprises des secteurs de l’innovation alimentaire (FoodTech) et de l’innovation agricole (AgriTech) que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, et le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, ont tenu la première réunion de lancement du dispositif « French AgriTech »… c’était le 30 août dernier. A la clé, une enveloppe de 200 millions permettant d’accélérer et de financer le développement de l’innovation agricole et alimentaire, de la fourche à la fourchette.
La technologie au service du mieux produire, du mieux manger
La FoodTech et l’AgriTech sont des secteurs en pleine expansion et mutation depuis plusieurs années. D’un côté il y a des entreprises solidement installées, pourvoyeuses d’emplois, qui innovent sans cesse pour répondre aux attentes des consommateurs. D’un autre côté, on assiste à l’émergence continue et accrue de nouvelles start-ups. Pour preuve, si l’on comptait seulement une dizaine d’initiatives il y a dix ans, les secteurs de la FoodTech et de l’AgriTech regroupent aujourd’hui plus de 215 start-ups et entreprises référencées selon une étude publiée par la société de Capital Risque Xange. Ce chiffre fait ainsi de la France le 3e pays au monde en termes de start-ups AgriTech créées par habitant.
S’appuyant sur la qualité et la force de l’agriculture en France, premier pays agricole de l’Union européenne, la FoodTech et l’AgriTech viennent apporter des solutions concrètes, innovantes, créatrices de valeur et profondément utiles pour l’ensemble de la chaîne alimentaire ; du producteur au consommateur. Pour ceux qui se tournent vers ces secteurs innovants, c’est aussi le choix de métiers épris des valeurs du monde agricole et qui touchent à toute la complexité du Vivant.
Alors que les défis sont aujourd’hui multiples (renouvellement générationnel, transition agroécologique, adaptation au changement climatique…), l’AgriTech et la FoodTech sont porteurs de solutions et d’attractivité. Ces secteurs d’avenir sont de puissants leviers pour regagner en souveraineté agroalimentaire puisqu’ils permettent de développer des pratiques plus durables tout en modernisant et renforçant la compétitivité des exploitations et entreprises agricoles et agroalimentaires françaises. En somme, les acteurs de l’AgriTech et de la FoodTech construisent aux côtés du monde agricole et dès aujourd’hui l’agriculture de demain. Alors que le marché ne fait que grandir pour répondre aux défis multiples du secteur, il reste aujourd’hui en très grande majorité dominé par les États-Unis et la Chine. Sur 2020, ils ont respectivement généré plus de 11 et 4,2 milliards d’euros d’investissements alors que la France était à 562 millions d’euros. D’où l’idée de booster et d’accompagner notre capacité d’innovation dans ces secteurs qui se sont retrouvés en première ligne, dans le contexte sanitaire lié à la pandémie COVID.
Deux premiers appels à projet
Et pourtant, la France s’inscrit comme le premier pays de l’Union européenne en termes de levées de fonds sur les sujets d’innovation en agriculture et en alimentation. Dans ce cadre, l’objectif de la « French AgriTech » est de faire de la France un écosystème fertile pour des champions mondiaux de la Tech et de soutenir le développement d’initiatives sur l’ensemble du territoire.
Les champs d’actions de l’« AgriTech » et de la « FoodTech » sont les suivants :
- Permettre une meilleure adaptation au défi du changement climatique ;
- Accélérer l’implémentation de pratiques durables et agroécologiques ;
- Accompagner la vie économique d’une exploitation agricole et faciliter le quotidien ;
- Développer des modes de consommation plus durables ;
- Encourager le développement de nouvelles ressources agricoles et alimentaires.
C’est dans cette optique que deux premiers appels à projets ont été lancés début novembre.
- « Innover pour réussir la transition écologique » ;
Doté de 90 millions d’euros sur 5 ans, cet appel à projets doit permettre de faire émerger des solutions concrètes et accessibles pour les acteurs du monde agricole pour accélérer le développement et l’implémentation de pratiques agroécologiques. Il s’agira ainsi de soutenir le développement des équipements intelligents et connectés (matériel et immatériel) et des solutions remplaçant ou limitant le recours aux intrants fossiles ou de synthèse (tels que engrais, produits phytopharmaceutiques conventionnels, antibiotiques en élevage…). Les projets individuels ou collaboratifs attendus doivent proposer des solutions innovantes portant sur les agroéquipements, le numérique en agriculture, les bio-intrants, la biostimulation, la biofertilisation, la valorisation des ressources génétiques, ou la combinaison de ces leviers.
- « Répondre aux besoins alimentaires de demain ».
Doté de 110 millions d’euros sur 5 ans, cet appel à projets doit permettre de concrétiser le changement d’échelle d’une solution ; de la conception à l’industrialisation et jusqu’à la commercialisation. Qu’elles apportent des bénéfices en termes de santé, de nutrition ou de respect de l’environnement, toutes les solutions pour répondre aux défis alimentaires de demain sont appelées à participer. Il s’agit notamment de favoriser l’émergence de leaders technologiques dans le secteur FoodTech. Les projets individuels ou collaboratifs attendus doivent proposer des solutions innovantes.
Des consultations pour compléter et adapter l’accompagnement de l’innovation
Afin d’engager le rapprochement entre les secteurs agricole et numérique, le Gouvernement a également confié à la Ferme digitale (association dont le but est de promouvoir l’innovation entre ces deux filières) la mission d’établir un état des lieux sur les besoins de structuration de l’écosystème « AgriTech » et « FoodTech ». Le réseau des Villages by CA, en tant que 1er accélérateur de projets innovants en Europe a été consulté et bénéficie d’une représentation au sein du groupe de travail mis en place.
Emmanuel ETESSE, consultant innovation Agri/Agro Le Village by CA Finistère