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Financement : la relation banque/start-up

Quel que soit leur domaine d’activité, les start-up ont un point commun : un important besoin de financement. Les banques sont en partie à même d’y répondre même si ce sont des fonds VC (Venture Capital ou Capital-risque) qui apportent la majorité des montants nécessaires. Pour attirer les start-up à fort potentiel de croissance et séduire les entrepreneurs, elles rivalisent d’idées et d’initiatives.

Avant la crise sanitaire de ce début d’année, nous avions interrogés Nicolas Pesquidous, Responsable Capital Innovation au Crédit Agricole S.A, sur le rôle des banques dans le financement des start-up. Alors comment les banques financent-elles les start-up et quelles sont les principales évolutions depuis la crise ?

Lors de ses premiers mois d’existence, une start-up fait généralement appel à ses proches ou à des business angels pour se financer. Mais elle a très rapidement besoin de liquidités pour embaucher, prototyper ou développer une plateforme. Nombreuses sont les banques qui voient dans ces entreprises innovantes à la croissance éclair, une clientèle pleine de promesses. Désireuses de créer des relations fortes avec elles, elles ne lésinent pas sur les dispositifs à leur attention.

Certains acteurs historiques du secteur bancaire se sont démarqués très tôt par leur hyperactivité à destination du monde de l’innovation. C’est le cas par exemple de la BNP Paribas, qui investit depuis 2012 dans les start-up à travers des fonds d’amorçage et de capital-risque. Autre acteur incontournable du secteur bancaire, le Crédit Agricole qui s’est lancé dans l’univers start-up dès 2014 avec pour ambition de constituer un réseau national.

Le capital-risque, un engagement vis-à-vis des startups   

Il existe plusieurs moyens pour une banque d’accorder une aide financière à une start-up. Elle peut être financée en dette en s’appuyant souvent sur une contre-garantie assurée par des organismes publics comme la BPI ou des fonds européens. Concrètement, la banque se rémunère grâce au taux d’emprunt. Lorsqu’elles font un emprunt bancaire, la majorité des start-up n’ont pas encore un modèle économique en capacité de le rembourser. Elles sont donc financées au potentiel : la banque table sur le fait qu’à un moment, l’entreprise va pouvoir dégager des revenus. Or, une grande partie de ces jeunes pousses ne passe pas le cap fatidique des 3 ans, communément appellé la « vallée de la mort ». Pour le banquier, le financement en dette consiste à « promettre un avenir à des sociétés, tout en sachant qu’un grand nombre d’entre elles déposent le bilan ». Avec à la fin, autant de clients mécontents que de clients satisfaits. Selon lui, les banques ont une responsabilité : celle de ne pas soutenir systématiquement tous les projets qui leur sont présentés. Il en va de leur crédibilité et de leur image mais aussi d’un juste accompagnement du dirigeant.

Au financement en dette, Nicolas Pesquidous préfère le capital-risque, qu’il juge plus vertueux. Concrètement, la banque achète des parts de la société et embarque dans la structure en tant qu’associé. En échange elle fournit des liquidités, mais aussi un réseau et une connaissance du secteur. Le capital-risque est une activité périlleuse. D’abord, parce que ce système n’engage pas forcément un remboursement. Ensuite, parce qu’il est communément admis que grand nombre de start-up à ces niveaux de maturité font faillite. Les financeurs doivent donc cibler les meilleurs éléments afin de minimiser les risques. D’autant plus que lorsqu’elles financent en capitaux propres, les banques misent les fonds qui leur servent habituellement à financer leurs activités. Nicolas Pesquidous nous explique : « Quand un banquier dispose de 1 de fond propre, il peut normalement proposer entre 10 et 30 de dette. Quand vous utilisez ce 1 de fond propre, ça vous empêche de réaliser ces 30 de dette. La banque accepte de prendre sur son outil de travail pour financer des start-up ». Les banques qui proposent ce mode de financement – BNP Paribas et Crédit Agricole – le font avec parcimonie et la sélection à l’entrée est extrêmement rigoureuse.

Investir mais aussi accompagner

Certaines banques ont compris que pour faciliter les échanges avec leurs clients, elles doivent parler la même langue qu’eux. Elles ont donc fait le choix de former leurs salariés aux enjeux des start-up. Le Crédit Agricole et La Caisse d’épargne ont ainsi mis en place des conseillers d’affaires innovation dédiés afin qu’ils puissent répondre à leurs besoins. Même chose du côté de la Société générale qui revendique des référents start-up. De son côté, HSBC propose des services en ligne réservés aux jeunes pousses.

Les Villages by CA, Pôles WAI (pour We are Innovation) de la BNP Paribas… Depuis quelques années, les grandes banques françaises développent également des espaces de création dédiés au business et à l’accompagnement des petites structures. Grâce à ces lieux, elles misent sur leur capacité à repérer des pépites, notamment en région. Nicolas Pesquidous rappelle qu’au premier semestre 2019, 80% des investissements se sont faits en Ile-de-France, selon les chiffres du cabinet Ernst & Young. « Au Crédit Agricole, on a décidé aussi d’investir dans les 20% restant en région » affirme-t-il, ajoutant que la banque « est dans une démarche de valeur » qui vise à « dynamiser le territoire ». Ce sont ainsi 120 millions d’euros d’investissements qui ont été rendus disponibles dans la France entière via 22 fonds nationaux et régionaux. Plus de 200 start-up en ont d’ores et déjà bénéficié, dont une trentaine dans les Technologies Agricoles.

Aller chercher les meilleurs de la promo 

En parallèle, les start-up peuvent également bénéficier d’accompagnements externes via les pouvoirs publics (BPI) ou d’initiatives comme la FrenchTech. Les activités de ces réseaux d’accompagnement s’imbriquent étroitement avec celles des banques. Concrètement, ils vont pousser des dossiers auprès des financeurs, en simplifiant leur travail d’écrémage. « Dans le capital-risque, on reçoit environ 1.000 dossiers par an », résume Nicolas Pesquidous. « Si on doit ouvrir 10 dossiers dans la journée, on va d’abord s’appuyer sur les réseaux de confiance : un dossier labellisé FrenchTech ou Réseau d’entrepreneurs, on va l’ouvrir plus facilement », reconnaît-il. Au final, ce sont environ 5 tickets qui seront investis sur le millier de dossiers déposés chaque année sur son bureau.

Construire l’économie de demain 

Pourquoi les banques font-elles le pari d’investir dans les start-up, qui ont un fort taux d’échec ? Pour Nicolas Pesquidous, la première raison, c’est le sens. « Financer l’économie de demain, c’est aussi le rôle d’une banque », dit-il. « On veut construire une relation avec les futurs nouveaux acteurs de l’économie, leur faire confiance, pour qu’à leur tour, quand ils auront grandi, ils se développent avec nous ». Plusieurs domaines sont privilégiés par les banques qui s’aventurent dans l’univers des start-up. Le plus évident, c’est la Fintech qui regroupe les entreprises bancaires et financières. Au premier abord, il pourrait sembler contradictoire d’investir auprès de ses futurs concurrents. Et pourtant il n’en est rien, comme l’explique Nicolas Pesquidous : « les start-up qui sont en train de se développer vont nous dynamiser dans nos métiers ».

Globalement, deux cas de figure sont possibles. Lorsque ces fintechs ont des difficultés à se développer, la banque intègre l’offre qu’elles ont développé. Certaines start-up sont d’ailleurs volontairement construites pour s’amarrer à une grande banque. « Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que plus le temps passe, plus les fintechs travaillent avec les banques », rappelle Nicolas Pesquidous. Deuxième scenario possible, les jeunes pousses parviennent à trouver un équilibre financier et deviennent des disrupteurs, comme N26 ou Revolut. En les accompagnant, les banques restent leurs interlocuteurs privilégiés, notamment si ces nouveaux concurrents souhaitent se mettre en vente. La Société Générale a ouvert la voie en signant la première acquisition d’une fintech par une banque française en 2015 avec le rachat de l’outil de gestion Fiduceo. C’est également le cas du site de crowdfunding KissKissBankBank, de l’application de paiement mobile Pumpkin ou de la cagnotte en ligne Leetchi, toutes trois acquises par des banques.

Mais loin de se cantonner à leur secteur de prédilection, les banques investissent de nombreux milieux en lien avec leurs engagements sociétaux : l’agriculture, les énergies renouvelables, le logement ou encore la santé. Avec néanmoins une préférence pour les start-up BtoB. Fort de son expérience au sein du Capital innovation du Crédit Agricole, Nicolas Pesquidous conseille de privilégier l’investissement au sein de start-up technologiques qui opèrent dans l’industrie. « Les fonds ont tendance à considérer que le BtoB – les start-up qui se revendent à des entreprises – est plus simple à gérer et à accompagner, plus solide aussi, que le BtoC ». S’il existe des exceptions qui confirment la règle, les start-up à destination du grand public seraient ainsi peu nombreuses à connaître le succès, notamment en région.

Si les relations entre les start-up et les banques n’ont pas toujours été au beau fixe ; les jeunes entreprises s’estimant peu accompagnées ou mal comprises par les grandes structures bancaires, celles-ci ont su s’adapter pour leur proposer des services et des modes de financement à la hauteur de leurs ambitions.

Qu’est-ce qui a changé depuis le 17 mars 2020 ?

Pour Nicolas Pesquidous, la nature de la crise sanitaire est très différente des crises dotcom (crise des valeurs technologiques) et subprimes (crise financière).

Lors de la crise des dotcom, les start-up étaient une cause de crise, dans le cas de la crise sanitaire, elles pourraient faire partie des solutions.

La crise à un impact majeur sur la croissance économique, mais le marché ne va pas disparaître, il est seulement gelé. Tout dépendra de la courbe de reprise, V, W ou L…

Selon Nicolas Pesquidous, les tendances probables à moyen/long terme dessinées par la crise sanitaire et économique de ces derniers mois seraient :  

  • Une baisse générale des valorisations des start-up
  • Une décélération de la vague des survalorisations au profit d’un retour aux fondamentaux économiques
  • Outre les start-up qui ne survivront pas à la crise, trois catégories de start-up subsisteraient : 
  • Celles en situation critique historiquement ou en difficulté de liquidité : 50% de taux de survie
  • Celles dont le secteur est touché qui s’en sortiront grâce à une bonne gestion si la dernière levée de fonds est récente
  • Celles qui tireront profit de la crise 
  • L’investissement en capital-risque pourrait se réorienter sur les produits indispensables plutôt que sur les produits accessoires, avec une concentration dans les secteurs touchés pour créer des futurs leaders avec de belles opportunités d’investissements

Malgré les difficultés que les plus petits et fragiles vont certainement rencontrer, les plus solides pourraient s’en trouver renforcés :

  • 7 milliards d’euros de dry powder (capitaux déjà levés mais non encore investis) dans les VC Français
  • Une accélération des solutions technologiques de réponse au Covid-19, (MedTech, WorkTech, outils d’économie)
  • Les meilleurs millésimes des VC US ont été déployés post-crise

Le mois de juillet 2020 a été marqué par une note positive en termes de financement, puisque 282 millions d’euros ont été levés, plus qu’en 2019 (221 millions d’euros), dont 96 millions d’euros dans les secteurs medtech et biotech ; c’est notamment le cas de la start-up Withings, spécialisée dans le développement d’objets connectés pour le suivi de ses données médicales à distance (1).

Les investissements estivaux sont donc plutôt positifs, à l’image de la consommation intérieure, mais les effets de la crise sur l’économie ne sont pas encore avérés. Il faudra attendre le deuxième trimestre 2021, date à laquelle les entreprises devront commencer à rembourser leur PGE, pour évaluer le dynamisme économique.

(1) Source : Maddyness

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