Le village by CA Finistère

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L’innovation selon Benoît Lucas

Benoît Lucas

Benoît Lucas – Directeur général du Crédit Agricole du Finistère nous partage sa vision de l’innovation 

Qu’est-ce que l’innovation pour vous ? Qu’est-ce qu’une entreprise innovante ?

L’innovation a souvent une connotation technologique, or pour moi, l’innovation c’est plus que cela. Nous pouvons, par exemple, évoquer l’innovation sociale, organisationnelle. C’est une nouvelle manière d’appréhender notre environnement avec souvent une (r)évolution technologique derrière.

Il faut, selon moi, que l’innovation serve un progrès pour être acceptée sinon nous la rejetons. C’est pourquoi je préfère parler de progrès sous toutes ses formes que d’innovation. L’innovation est pour moi un moyen de parvenir à cet objectif d’amélioration. Il faut que cela procure du bien être à la collectivité.

C’est en cela que le mode de fonctionnement, de gouvernance, de prise de décision, la manière de conduire les projets au sein des start-up est intéressante et très différente de celles des entreprises structurées.

Pour moi, une entreprise innovante est une entreprise qui ose se mettre en mouvement, qui ose faire un pas en avant, qui ose basculer vers un territoire inconnu. En effet, derrière l’innovation il y a toujours une prise de risque, et donc par définition une entreprise innovante accepte la possibilité d’abandonner un projet, une idée que l’on pensait pertinente à la base. C’est de la matière vivante, le contraire d’une entreprise stable et sclérosée. C’est une entreprise qui bouge dans son organisation, dans sa manière de communiquer, de se structurer, d’interagir avec son environnement. Et dans un certain nombre de cas, c’est une entreprise qui innove technologiquement.

Dans une entreprise de services comme la nôtre, l’innovation n’est pas de breveter des produits mais bien d’appréhender les sujets différemment et d’interagir avec nos clients sociétaires. Nous devons toujours avoir à l’esprit que tout ce que nous imaginons et inventons comme services, tout ce que nous faisons, doit servir en priorité les intérêts de nos sociétaires. C’est cela qu’ils attendent de nous. C’est cela notre défi.

Sans citer les GFAM ou équivalents chinois, avez-vous des exemples ?

Je peux citer par exemple Danone. L’entreprise a redéfinit sa logique et son objectif, qui est aujourd’hui de bien nourrir la population en prenant en compte l’aspect qualitatif, le bien-être, en participant à la santé des consommateurs tout en s’adaptant à leur pouvoir d’achat. L’entreprise devient un acteur de la santé, c’est le point fort du Directeur général, Emmanuel Faber.

Du côté des entreprises bretonnes, je peux citer Yves Rocher.

Ce sont des entreprises qui arrivent à conjuguer leur vision, leur raison d’être et la manière de remettre en cause un certain nombre de sujets tout en restant fidèles à leur raison d’être et en appréhendant les choses différemment.

Quels sont les exemples d’innovation qui ont marqué votre vie ?

Le smartphone a fait bouger les lignes, il a un vrai impact sur la temporalité et les services. Il a une puissance incroyable en termes d’usages et aujourd’hui il serait compliqué de revenir en arrière. C’est bien plus qu’un outil de communication téléphonique, c’est un outil de communication au sens large, de recherches, de transactions, d’interactions. C’est de loin le domaine qui pour moi a le plus changé notre vie. C’est notamment un élément clé dans les relations de travail que ce soit pour les instructions, la messagerie, le courrier… le temps est raccourci, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Quels sont les facteurs clés de succès d’une entreprise innovante et quels sont les risques d’un manque d’innovation ?  

Déjà pour qu’une entreprise innove, il faut qu’elle réussisse à créer un climat qui facilite la prise d’initiatives par le plus grand nombre : clients et salariés, en prenant des décisions qui soutiennent les remontées d’initiatives. Dans la banque, ce sont surtout des innovations basées sur l’organisation.

Être une entreprise innovante, c’est aussi avoir le droit à l’erreur ; on est capable de proposer vite, mais aussi et surtout d’arbitrer vite, sans dénigrer ou pénaliser l’équipe qui a porté l’initiative.

Une entreprise qui ne parvient pas à innover, c’est celle qui reste bloquée sur les choix de départ. Souvent pour les banques ou les assurances, l’innovation est basée sur les attentes des consommateurs, des sociétaires et donc sur des retours terrain.

Considérez-vous que l’innovation a été mise à mal avec la crise ou va l’être ?

Je pense que non, au contraire, c’est une manière pour les entreprises de rebondir, notamment pour celles qui sont sur les secteurs les plus impactés (aéronautique, transport, commerce de proximité). Si elles n’innovent pas, et n’accélèrent pas, par exemple, dans la transition énergétique, la digitalisation de leurs processus alors elles seront en risques. L’investissement dans l’innovation, dans l’IT est au contraire une absolue nécessité. Certaines entreprises auront plus de capacité financière que d’autres, mais il ne faut surtout pas se recroqueviller en coupant dans le budget de la R&D.

On le voit dans l’industrie automobile, les constructeurs qui devraient surmonter le mieux la crise, sont ceux qui ont adopté une stratégie d’hybridation et d’électrification. Certaines prennent mieux le virage que d’autres. Aujourd’hui, nous n’avons plus le temps d’attendre.  

Pensez-vous que les entreprises vont désormais se concentrer sur la maîtrise de leurs charges plutôt que sur des investissements liés à l’innovation ? 

Il faut bien sûr regarder l’évolution de ces charges. Les périodes de crise sont des périodes où il faut se focaliser sur un sujet plutôt que de s’éparpiller, il ne faut surtout pas renoncer à de l’investissement, ce serait une erreur, mais encore faut-il avoir les moyens de le faire. C’est plus facile pour un grand groupe que pour une PME qui n’a pas les mêmes ressources. Les acteurs les plus à même d’affronter les crises, sont ceux qui ont des capacités financières et une stratégie pour laquelle ils se donnent les moyens pour pouvoir, au besoin, changer de paradigme.

Vous avez été à l’initiative du Hub Luxembourg (Le Village by CA du Luxembourg), de quelle manière y avez-vous contribué ? 

D’abord l’innovation m’intéresse, c’est ce qui permet de remettre en cause un existant, et on sait que dans une grande entreprise comme le Crédit Agricole, les choses sont établies. A un moment donné, avoir un sujet que l’on peut préempter en disant que l’on va l’aborder de manière totalement différente, c’est souvent la meilleure manière de progresser.

D’autre part, le Luxembourg est un pays par nature orienté sur l’international, nativement tourné sur l’Asie et le monde anglo-saxon pour des raisons historiques. Je me suis dit que nous pouvions avoir un rôle à jouer et apporter de la valeur, avec le réseau des Villages et les autres structures présentes à Luxembourg, en se positionnant comme étant un accélérateur d’ouverture à l’international profitant aux start-up hébergées dans les Villages actuels.

De plus, les autres structures présentes au Luxembourg (CAMCA, CASEIS, CALI, Indosuez Wealth Management) ont toutes des profils différents, essentiellement orientées BtoB, ce sont des entités qui ont l’habitude de travailler avec d’autres business center, ils ne s’adressent pas directement à des clients, je me suis dit que cela pouvait apporter une touche différente que le seul prisme des Caisses régionales.

Par ailleurs, le Gouvernement luxembourgeois accompagne l’innovation et dispose de fonds spécialisés, ce qui permet d’obtenir des subventions plus simplement. L’accès au centre de décisions est très rapide.

Nous nous sommes lancés sans avoir vraiment de perspective budgétaire bien établie, mais en demandant aux autres acteurs présents s’ils étaient capables d’investir durablement pour un budget de communication et de développement pour démarrer et contribuer au déploiement d’une stratégie innovante à Luxembourg. Ils ont accepté, et se sont engagés, sans demander au départ de la rentabilité. On ne peut pas demander à une structure naissante d’avoir des éléments de rentabilité et des méthodologies qui s’apparentent à l’ancien monde, au moins dans la phase de démarrage. On ne peut pas l’appréhender de la même manière. Si vous abordez des sujets d’innovation avec des principes qui appartiennent au monde ancien cela a-t-il du sens ?

Pensez-vous que le groupe Crédit Agricole, est un groupe très innovant ?

En tant qu’entreprise de services, il est difficile de répondre à cette question, il faudrait demander à nos clients entreprise et particulier. Je pense que dans ce qui a changé significativement la vie des clients, le Crédit Agricole a souvent été le premier. Nous avons, par exemple, été les premiers à investir dans les cartes bancaires, les distributeurs de billets.  Lorsque le minitel est apparu nous avons été les premiers à utiliser les vidéostextes, les services liés à cet usage. Plus récemment avec la banque par internet je pense que nous avons été dans les premiers à avoir des taux d’usage très significatifs.

D’un point de vue gouvernance nous avons été les plus innovants, et cela depuis plus de 100 ans. Décider à plusieurs : Président, Directeur général, avec un rôle réel d’un Conseil d’Administration constitué de clients sociétaires, est significativement innovant. Au plus près des besoins et des attentes des clients. N’est-ce pas ce qui fait la marque de fabrique des start-up d’aujourd’hui ? A ce niveau, nous sommes parmi les modèles de gouvernance les plus modernes et performants, c’est une conviction.

Qu’est-ce que le Crédit Agricole du Finistère peut apporter au territoire ?

Au Crédit Agricole, notre raison d’être est de protéger les patrimoines et d’apporter des solutions en matière de bien vivre, de vivre ensemble.

Le groupe dans son ensemble, œuvre dans le développement économique et l’inclusion sociale. Notre groupe est certainement celui qui a montré le plus sa capacité à enrichir le territoire, au sens de contribuer à son développement économique et social, par le maintien et le développement d’emplois locaux, grâce la mobilisation de toutes les énergies du groupe, qu’elles soient locales (La Caisse régionale du Finistère) ou au nationales (CACIB, AMUNDI…). Par nature le Crédit Agricole contribue au développement du territoire, c’est au cœur de notre ADN et nous en faisons la démonstration ici en Finistère depuis 113 ans maintenant. Dernièrement, nous avons par exemple apporté notre soutien aux professionnels du tourisme et aux commerces finistériens à travers deux jeux : « Consommons local » et « En vacances prêt de chez vous ». Ce sont des milliers d’euros, en chèque cadeau, qui ont été distribués localement pour être dépensé localement, pour soutenir notre économie.

Au niveau de l’inclusion sociale, il y a plusieurs dimensions. Nous ne sommes pas la banque seulement du haut de gamme ou des chefs d’entreprise, nous sommes une banque universelle, la banque de celui qui travaille, le salarié de toute les couches de la population, toutes les activités sont dans notre cible. Nous mettons en place des offres compatibles avec toutes les situations. Nous sommes implantés là où se trouve la population et non où se trouve nos clients segmentés, pour répondre aux attentes de tous en Finistère. L’inclusion c’est être en proximité avec le plus grand nombre, c’est aussi répondre aux besoins liés aux accidents de la vie avec notamment l’offre PASSERELLE, les offres basées sur les clients fragiles ou encore l’offre EKO.

La solidarité est également une valeur clé au Crédit Agricole. J’en veux pour preuve les actions que nous avons menées au niveau du Groupe avec des retombées en local. Ici, sur notre territoire, la Fondation Crédit Agricole Solidarité Développement vient de verser plus de 400 000 € aux structures d’accueil de nos aînés pour leur permettre de conserver le lien avec leur famille.

De votre regard de breton, comment percevez-vous le territoire et l’innovation sur le territoire ? Quels sont ces atouts en termes d’innovation ?

Le Finistère est un territoire d’entrepreneurs, avec un panel d’entreprises extrêmement innovantes qui incarnent en France la capacité à entreprendre et à innover. C’est le cas de Leclerc, Bolloré ou Armor Lux, des personnalités qui incarnent l’entreprise au sens d’entreprendre quelque chose avec une ambition nationale ou internationale, en prenant des paris et en ayant une stratégie différenciante de ce qui existait à l’origine.

Ce sont des entreprises qui osent, avec une vision à la fois locale et mondiale. La Bretagne et le Finistère sont de véritables terres d’entreprises innovantes.

Quels sont les engagements que vous souhaitez prendre pour le territoire en termes d’innovation ?

Déjà, accompagner toutes les entités qui innovent dans tous les domaines, prendre part à l’investissement local, favoriser l’innovation par notre rôle de banquier et d’influenceur. Favoriser toutes les initiatives, et faire le pari que le développement économique est possible tout en respectant l’environnement et en ayant des engagements sociétaux.

En interne, à la Caisse régionale, notre objectif est de favoriser tout ce qui peut conduire à la prise d’initiatives par les collaborateurs, pour conduire à l’innovation dans n’importe quel domaine et encourager les idées. J’ai la chance d’intégrer une entreprise qui a déjà entamé ce mouvement avec notamment StartUp Inside qui permet à des collaborateurs de proposer des innovations et d’être détaché pour les tester. Cela a déjà permis d’être à l’initiative de nouveaux services comme Yapla pour le monde associatif ou encore Adhésion qui est une innovation finistérienne. Nous créons des innovations pour consommer différemment sa banque, pour être utile. Vous le voyez l’innovation est un moyen pour progresser dans notre relation avec nos sociétaires.

Les sujets d’innovation s’inscrivent dans le temps, il faut accepter que des idées iront au bout et d’autres non. Il ne faut pas attendre la gloire sous prétexte que l’on innove, c’est ce qui structure la vie et l’ADN d’une entreprise.

J’imagine qu’aujourd’hui ceux qui travaillent chez Space X sont animés par l’idée que leur rôle est de permettre un jour à des gens de vivre ailleurs que sur Terre. Ils sont passionnés par cet objectif. Nous, nous devons être passionnés par ce qui nous anime, au sens de l’utilité pour le territoire, de rendre utile pour les uns et les autres et accompagner les rêves de nos clients en étant innovant dans la manière de les approcher, en se demandant s’il est possible de réinventer chacun de nos métiers.

L’innovation est un cycle long, il faut arbitrer vite, or le contexte actuel ne nous permet plus d’attendre, comment arriver à gérer ces deux échelles temps ?

Au Crédit Agricole, nous avons cette chance d’être une entreprise suffisamment solide à la base pour être durable et nous pouvons nous permettre d’avoir une vision à moyen terme. Si nous voulons conjuguer les deux temporalités, il faut se dire que l’évolution, le changement doit être permanent.

Il faut être très clair sur les objectifs de long terme, ferme sur les objectifs de moyen terme mais souples sur la manière de les atteindre. Quand on a les moyens humains et financiers de ces objectifs, ce qui est le cas du Crédit Agricole, il n’y a pas de raison de ne pas y parvenir. En revanche, il faut accepter de se dire que ce n’est pas une ligne droite.  il Il faut fixer un point à l’horizon et se dire qu’on l’atteindra peut-être par des chemins détournés, d’autant plus dans un monde incertain. Il faut aussi saisir les opportunités, cela doit faire partie du management opérationnel de certains projets, c’est le propre d’une entreprise qui interagit avec son environnement.

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